Billet de blog 6 novembre 2020

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RC 126. « Cinq mains coupées »  un livre, trace historique des Gilets Jaunes

« Nous sommes en République, les violences policières ça n’existe pas » Macron. Dans la répression des manifestations, des coups de matraque, des fractures, il y en eut depuis longtemps. Mais des armes fournies à la police pour mutiler, c’est venu à NDDL et surtout contre les manifs Gilets Jaunes. L’écrivaine Sophie Divry a fixé la parole des 5 manifestants dont la main droite a été arrachée.

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« Cinq mains coupées » Ed. Seuil. Octobre 2020.

Je recopie ci-après un passage de l’interview que Sophie Divry a donné à la revue Rue89 l'occasion de la parution de son livre.

Lire l'interview intégral ici. 

Extrait :

« (…) Le récit réhumanise ce qui arrive à ces ouvriers, ces français ordinaires. Cette histoire est la nôtre. Il faut se rendre compte que cela aurait pu arriver à tout le monde.

Il y a quelque chose de l’ordre de l’injustice, car il s‘agit de gens ici qui sont totalement pacifiques : ça pourrait être n’importe quel citoyen. Certains des mutilés que j’ai rencontrés manifestaient pour la première fois, mais d’autres étaient habitués et ils n’avaient jamais vu ça, une telle répression, et une telle violence. Aucun n’arrive en disant : « Je vais casser du flic ». Ce sont des gens qui sont arrivés pour des causes justes, disant simplement ; » Je travaille et je n’arrive pas à gagner ma vie ».

Et tout à coup c’est le spectacle de l’arbitraire et d’une force surdimensionnée qui s’abat sur une personne et qui détruit sa vie.Cela ne peut que heurter profondément notre sens de la justice et notre sens de l’humanité. Et que cela arrive à notre pays, cela nous fait honte.

Chaque mutilation traumatise une famille, un quartier, une entreprise, un village. Toute cette violence-là est envoyée dans le corps social. Le romancier a pour habitude d’entrer dans la psyché des gens. Alors que le journaliste ou l’historien ne rentre pas dans une profondeur psychologique. Ce texte pourrait même servir d’une certaine manière à des études de traumatologie. »

Sur le mouvement social Gilets Jaunes, lire les écrits de l'historienne Ludivine Bantigny.

Complété juillet 2021 :

https://www.lesmutilespourlexemple.fr/2021/02/

Extrait : l'onglet "Qui sommes nous? 

Nous avons été éborgné.e.s, amputé.e.s, édenté.e.s ou blessé.e.s par des LBD40 , des grenades et des matraques des Forces de l’Ordre lors des manifestations des Gilets Jaunes.

Nous sommes artisans, boulanger, menuisier, aide-soignante, musiciens, ancien militaire, nous sommes descendu.e.s dans la rue pour faire valoir nos droits et nos vies ne tournent aujourd’hui qu’entre remords, soins et attentes juridiques interminables tout en devant affronter les difficultés contre lesquelles nous nous battions au départ.

Des politiques puis des préfets ont donné ordre de tirer dans la foule. Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour se rendre compte que ces décisions avaient pour objectif de faire taire par la peur et la mutilation le mouvement des Gilets Jaunes et toutes les revendications qu’il portait.

Ces armes mutilent et même tuent, les donneurs d’ordre comme les tireurs le savaient. Avant le 17 Novembre 2018, pas moins de 35 personnes avaient perdu l’usage d’un œil, 5 ont eu des pieds ou mains arrachées 2 ont été tué par les flashball/LBD40 et grenades (DMP/GLIF4).

Nous avons alors décidé ne nous rassembler, pour s’entraider, car les démarches sont longues et douloureuses et nous sommes souvent seul.e.s pour les affronter, mais aussi pour s’organiser quant à notre défense juridique.

C’est pour cela et pour faire entendre nos voix que nous organisons les marches des Mutilé.e.s, la prochaine aura lieu le 18 Octobre 2020 à Amiens, nous vous y convions toutes et tous afin de dénoncer les violences policières et les injustices qui en découlent.

Pour nous soutenir : https://www.helloasso.com/associations/comite-vertigo/formulaires/2

Les Mutilé.e.s pour l’exemple.

Nous sommes :

Acte 2

Jérôme : éborgné par un LBD 40 à Paris

Patrick : éborgné par un tir de LBD 40 à Paris

Acte 3

Alain : blessé à la carotide par LBD 40 à Paris

Frédéric : amputé d’une main par une grenade à Bordeaux

Christophe : blessé aux jambes par une GLI-F4 à Paris

Hedi : éborgné par une grenade au Puy en Velay

Acte 4

Antoine : amputé d’une main par une GLI-F4 à Bordeaux

Alexandre : éborgné par LBD40 à Paris

Patrice : éborgné par LBD40 à Paris

Acte 5

Vanessa : éborgnée par un LBD 40 à Paris

Acte G7

Lola : blessée au visage par un LBD 40 à Bayonne

Acte 7

Yvan : blessé au front par tir de LBD 40 à Montpellier

Acte 8

David : nez cassé par une grenade à Bordeaux

Caroline : blessée au visage par LBD 40

Acte 9

Sébastien : édenté par un LBD 40 à Paris

Florianne : blessée par LBD à Bordeaux

Acte 10

Yann : édenté par un matraquage à Toulouse

Gwendal : éborgné par une grenade DMP à Rennes

Axel : blessé au front par LBD 40 à Montpellier

Acte 18

Léo : blessé à la main par grenade à Paris

Laurence : blessée au visage par un tir de LBD 40 à Paris

David : éborgné par un LBD 40 à Paris

Acte 23

Xavier : éborgné à Paris

Mélanie : matraquée à la tête à Paris

Acte 24

Dylan : éborgné par une grenade DMP à Montpellier

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