Vieille lune des romans fiction : le remplacement des êtres humains par les machines, le travail serait appelé à disparaître. Emancipation par disruption numérique fondée sur de prétendus participation, ouverture et partage ?
Le réel présent est très différent :
Usagers qui alimentent gratuitement les réseaux sociaux de données personnelles et de contenus créatifs monnayés par les géants du Web.
Prestataires des start-ups de l’économie collaborative, dont le quotidien connecté consiste moins à conduire des véhicules ou à assister des personnes, faire des livraisons, ou soustraiter des travaux insalubres non déclarés... Tous produisent en outre des flux d’informations sur leur smartphone. Créent un univers opaque autour de "plateformes conviviales"
Microtravailleurs rivés à leurs écrans qui, à domicile ou depuis des « fermes à clic », propulsent la viralité des marques, filtrent les images pornographiques et violentes ou saisissent à la chaîne des fragments de textes pour faire fonctionner des logiciels de traduction automatique.
En dissipant l’illusion de l’automation intelligente, Antonio Casilli fait apparaître la réalité du digital labor: l’exploitation des petites mains de l’intelligence « artificielle », ces myriades de tâcherons du clic soumis au management algorithmique de plateformes en passe de reconfigurer et de précariser le travail humain.
En attendant les robots, Enquête sur le travail du clic Antonio Casilli Seuil 2018