Billet de blog 8 juin 2020

michel-lyon

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C 19. Race, racisme, racisé.e.s.

Ces mots recouvrent de véritables armes idéologiques du suprématisme blanc.

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La crispation raciste refuse de considérer l’humanité comme unique sur terre, mais hiérarchisée selon des critères d’apparence. Couleur de peau, forme des yeux, de la bouche, de la silhouette définiraient des races qui menaceraient l’homme blanc de disparition. Quatre siècles d’esclavage puis deux siècles de domination coloniale ont construit une vision sur les peuples colonisés faite de différences corporelles et culturelles, d’habillement, de cuisine, de religion...  Ecrasant tout de l'histoire et des cultures de ces peuples.

L’homme blanc, évidemment au sommet de la hiérarchie des « races » dans la vision occidentale du monde régie par la loi du plus fort, c’est à dire finalement, par la technicité des armes de destruction massive. C’est par de telles armes fournies par les puissances dont notre pays, qu’Al Assad a pu détruire les kurdes et « libérer » « son » pays.

Les découvertes de Darwin au 19° siècle sur l’évolution des espèces, par surmultiplication au sein des espèces des variantes génétiques qui ont un avantage acquis de génération en génération, ont vite été déformées pour donner de la nature une lecture terrible, fausse, d’epèces qui s’entredévoreraient pour sélectionner les meilleures.

Et ainsi ériger en « loi naturelle », la loi du « Milieu », celle du grand banditisme, celle des « affaires » et justifier ainsi les crimes au service du profit.

Le racisme, justifié par un vif sentiment de supériorité civilisationnelle des Blancs, repose sur cette vision du monde théorisée. Il a servi à légitimer de s’approprier les territoires où vivaient ces populations, à s’approprier leurs ressources, les faire travailler, les utiliser pour diverses pratiques sexuelles, les contraindre à constituer un marché pour les produits des manufactures du pays colonisateur, les contraindre à sa langue et à sa religion.

Le nazisme s’est emparé de cette vision du monde, alors que l’Allemagne n’avait pas d’empire colonial, pour construire un projet global sur l’Europe jusqu’à l’Oural, pensée sur le mythe germain menacé par le christianisme (émanation juive), et menacé par le communisme (lui-même pensé par des juifs). Projet meurtrier, inhumain, génocidaire réalisé avec l'aide ou le laisser-faire de toute l'Europe.

Depuis les luttes de libération contre les colonisations, et depuis les Printemps arabes qui chassaient les dictateurs relais d’une néocolonisation puis du néolibéralisme, les guerres contre ces peuples ont été multipliées, provoquant des millions de personnes tuées, déplacées, rejetées, expulsées, parquées ou noyées en Méditerranée.

Simultanément, le racisme a été sur-activé dans tous les pays. Les extrême-droite se battent pour s’emparer des Etats et de la « violence légitime ». S’y infiltrent avec la complaisance de la haute hiérarchie. C’est ainsi qu’un club a pu prospérer jusqu’à 8000 membres qui expriment entre eux la haine raciste à l’état brut, comme à l’égard de ceux qu’ils brutalisent.

Simultanément les populations anciennement colonisées ont développé des luttes au sein des puissances. Elles refusent les brutalités, comme  l’identité de colonisés qui leur est toujours appliquée avec mise à l’écart grandissante des droits à la sécurité, au travail, au logement, à la santé, à l’instruction … Les non blancs sont constamment sommés de justifier leur présence. Les blancs jamais.

Un levier des ces luttes est le refus de l’idée de races. Refus d’être classés en « races ». Refus d’être racialisés par le dominateur. Refus de se résigner aux humiliations. 

Les propagandistes du maintien des dominations se sont emparés de ce mots," racialisé" pour le retourner contre ceux qui s’en émancipent, et rejeter ce mot sous prétexte que l'origine n'est pas répertoriée. C'est vrai. Mais la racialisation par les discriminations, dans les comportements, et dans l'organisation de la police existe, et devient irrespirable. Ce mot a été retourné comme l'a été la dénonciation des quartiers ghettos par l'accusation faite aux populations qui y avaient été repoussées, de refuser de s’intégrer à la société des blancs.

P0lus grave, le combat des colonisés, des immigrés, aujourd’hui racialisés, a été tenu à l’écart des luttes populaires, et c’est une cause importante des échecs de ces dernières.

Toutes les composantes des luttes populaires d’origines, de genre, de pauvreté, handicaps, de religion, etc. ... doivent dépasser les cloisonnements et méfiances instillées par le dominateur.

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