Billet de blog 11 avril 2016

michel-lyon

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48. Moderniser, Réorganiser les institutions

Moderniser, Réorganiser = Rebattre les cartes sans cesse. Brouiller le jeu.

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Moderniser, Réorganiser = Rebattre les cartes sans cesse. (j'ai inscrit en italique l'effet que cela a sur notre subjectivité)

J’ai vécu la RGPP qui a cassé la fonction publique d’Etat, éclaté les services d’une administration à l’autre, et d’une direction départementale, à l’autre, ou vers la Préfecture ou vers la direction régionale, surmultiplié les Agences (il y en a plus de 300 !), recrute à tout va dans le privé pour les postes de direction surmultipliés.

Mais depuis, chaque année a vu se superposer une, voire deux nouvelles réorganisations impliquant en plus les Départements et les Régions ; puis redécoupant les limites administratives  (12 Régions), ce qui a cassé les réorganisations précédentes. et d'autres restructurations se sont encore surajoutées. Les fonctionnaires déplacés tous les  6 mois sans logique sont démoralisés.

Avec plusieurs effets évidents : 1. Jamais le bilan n’a été fait sur les réorganisations précédentes.  2. Le public est perdu ne sait où d’adresser et renonce. 3. Les missions sont ignorées, écrasées dans l’indifférence des ministères dont la compétence s’est évaporée. 4. Bon nombre de mission sont passées sous une autorité qui en ignorait tout. Les cohérences d’action sont rendues impossibles, les redondances surmultipliées. 5. La réduction des effectifs de la fonction publique n’a affecté que les postes d’exécution, largement remplacés par autant de directeurs inoccupés et dix fois plus payés… ou par des « consultants » incompétents et payés à prix d’or. Le carriérisme se déploie. 6. Des locaux qu’une administration avait modernisés, achetés ou fraichement construits sont abandonnés, d’autres sont devenus trop petits. 7. Chaque déménagement s’accompagne du renouvellement du mobilier et de l’informatique dont il faut refaire l’organisation en réseau. 8. Les organigrammes  sont devenus ubuesques, consacrent l’irresponsabilité des gradés.

Un gaspillage de temps, d’argent, d’énergie fabuleux… au détriment des missions.

Un contrôle de connaissances s’impose sur les règles de la fonction publique, comme sur les règles de mise en œuvre de fonds publics. Quel directeur sait encore que cela existe et qu’un code, composé de lois, en définit missions et tâches. Tous croient que leur rôle est de déroger aux lois, donc de s’asseoir dessus. Le retour du Bon-Vouloir. Emblématique stupéfaction de Cahuzac, comme si les lois ne s’appliquaient pas au ministre, ni à ses proches !

Le pays pouvait, depuis la Libération, être fier de ses fonctions publiques compétentes, qui agissaient dans l’équité, quoiqu’en ait remâché les dénigrements lancés par l’extrême-droite. Cela a été obstinément détruit.

L’embrouille inimaginable de ces dernières années, ainsi décrite, a désorienté le public, détruit l’esprit du service public, détruit sa compétence, multiplier ses liens institutionnels avec le secteur privé et la finance. Détruit l’image positive que le public en avait. Il semble que la gestion annoncée de Pôle-Emploi par algorithmes et profilages du public,préfigure vers quoi nous tire le pilotage des réformes par les petits génies du privé :un complexe bureaucratico-policier. La perception subjective qu’en a le public évolue de l’estime à la stupéfaction, puis  vers l’appréhension d’une machine inhumaine. 

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