Depuis 11 ans, le combat du monde du spectacle et plus généralement de l’art autour du régime « Intermittents du spectacle », a épuisé en vain toutes les possibilités de faire entendre les particularités de leur travail, épuisé en vain les moindres possibilités de négociation. Pas pour protéger « des avantages » mais pour obtenir un statut adapté.
Pendant ce temps, le patronat a généralisé la précarité, le travail éclaté multi-employeur, dont toute une partie du temps consacré au travail n’est pas payé. De ce fait, les travailleurs pauvres se comptent par millions dont beaucoup sont privés de couverture sociale liée à leur travail.
Contrairement à l’intox patronale que les Intermittents coûteraient « trop cher à l’assurance chômage pour être payés sans travailler » la majeure partie du temps travaillé consacré à l’entrainement physique personnel et collectif, à l’étude, à la recherche de nouvelles expressions, à la préparation des spectacles au travail commun d’expérimentation, n’est ni compté, ni payé.
De plus en plus d’ « autoetrepreneurs » et artistes indépendants dans de nombreuses branches, sont dans des conditions similaires.
Les temps de déplacement d’un employeur à l’autre pour les personnels des supérettes ou du Nettoyage, ou des services aux personnes, ou des travailleurs indépendants, avec des périodes sans travail.
Les assauts du patronat pour la « flexibilisation » ont cet effet, de réduire sans cesse la proportion du temps travaillé payé.
Les 110 000 intermittents du spectacle ne constituent que 3,5 % des bénéficiaires des allocations chômage et 3,4 % des dépenses de l’Unedic !
Le prétendu déficit correspond aux personnels de la télévision publique et de la publicité mis à la charge de ce régime.
Le gouvernement et les « négociateurs » de l’accord UNEDIC ont refusé de modifier la contribution insuffisante d’employeurs (notamment dans l’audiovisuel)
La bataille engagée par les professionnels, au-delà de refus d’une Convention UNEDIC qui accroît précarité et pauvreté, vise l’obtention de nouveaux droits adaptés à leur activité. Mais qui intéresse aussi les cohortes de flexibilisés.
Vouloir signer cet accord qui déstabilise l'ensemble du monde du spectacle en juin 2014 alors que commence la saison d'été des Festivals rend impossible leur tenue, crée un endettement lourd qui compromet les saisons des années suivantes, va mettre fin à la vie professionnelle de nombreuses personnes du monde du spectacle.
Le fonctionnement économique de la création artistique, est à bout de souffle. Les professionnels du spectacle ont formulé et fait connaître les base de la réforme nécessaire. Cela a été écarté par les rédacteurs et par les signataires de l'accord. Il faut reprendre leur travail. La désignation d'un nouveau comité Théodule est un artifice du ministère pour maintenir leur avenir à la merci du MEDEF.
Dans leurs nombreuses manifestations, ces professionnels montrent un dynamisme, une combattivité à la hauteur de la créativité dont tous font preuve, à laquelle la finance néolibérale préfère les grands spectacles à paillettes et feux d'artifices coûteux pour amuser les foules.
La créativité casse les schémas acquis, passe par l'esprit critique. Un regard critique sur toute la société. Et ça, les gens de pouvoir sont portés à l'étouffer.
Je reproduis ici la lettre du Collectif :
Le collectif des intermittents de l’audiovisuel
de la post-production
et du cinéma d’animation
Monsieur François Rebsamen
Ministre du Travail, de l'Emploi
et du Dialogue Social
101 rue de Grenelle
75007 PARIS
Paris, le 16 juin 2014
Monsieur le Ministre,
Nous, salariés permanents et intermittents de la post-production et de l’animation, avec le soutien de nos employeurs, tenons à vous faire part de notre profonde inquiétude face aux conséquences qui résulteraient de l'agrément de l'accord sur l'assurance chômage du 22 mars 2014.
Nous sommes issus de filières de formations mondialement reconnues et notre valeur technique comme artistique participe grandement, par la qualité de nos productions comme par l'expatriation de nos talents, au rayonnement culturel de la France. Ces compétences attirent d’ailleurs de nombreux créateurs mais également d'importants investisseurs étrangers sur notre territoire.
Nous refusons d'être accusés de « privilégiés » car notre travail quotidien, difficile, dans des conditions instables et discontinues, représente une part non négligeable de l'économie française. Cette économie est fragile et cet accord va fortement nous précariser.
Oui, nous souhaitons que notre régime soit réformé afin de pérenniser nos métiers et l’excellence de notre savoir-faire. Mais d'autres réformes, réfléchies et élaborées par les professionnels de nos métiers et par plusieurs parlementaires à travers la plate-forme commune du comité de suivi de l'assurance chômage, plus justes socialement et plus économes, existent. Leurs propositions ont été saluées pour leurs qualités et vous les avez vous-même signées en mars dernier. Elles ont été chiffrées par des spécialistes et reconnues comme viables et responsables.
Elles tiennent surtout compte, et ce serait la clef de leur efficacité, de la réalité de nos métiers et du respect de celles et ceux qui y œuvrent tous les jours.
Nous ne comprenons pas qu'elles n'aient pas même été étudiées par les partenaires sociaux et à ce titre nous ne pouvons accepter qu'un mauvais accord vienne s'imposer à nous et détériorer nos vies, nos métiers et la compétitivité de notre secteur.
Monsieur le Ministre, nous vous demandons instamment de ne pas agréer l'accord du 22 mars 2014et nous vous demandons la réouverture des négociations.
En vous remerciant de l'attention que vous porterez à ce courrier, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre très haute considération.
Signataires :
2 Minutes
4.21
ChezEddy
Autour de Minuit Productions
ADV Studios
Citron Bien
Cube Creative
Cosmo Studio
Digital District
Gaumont Animation
llumination MacGuff
Label Anim
Lapins bleus formation
Lardux Films
Les Androïds Associés
Les films a Carreaux
Foliascope
Folimage
Marathon Media
MacGuff Ligne
Method Animation
Mikros Image
Millimages
Mondotv-france
Saya post production
Sabotage Studio
Studios d'Epinay
Studio100 Animation
T.A.T studio
Team to
TSF
Trimaran
Ubisoft Motion Picture
Xilam
Zagtoon
TIPPI, association professionnelle des Truquistes et Infographistes de la Post-production Image