Je reproduis ici le chant de colère publié dans blog Resf le 28 avril : "Un gosse dont vous aviez la charge est mort hier en prison",
Il dit ce que des milliers d'enfants sont contraints de vivre dans leur quête à haut risque d’un pays où il soit possible de vivre sans être enrôlé, torturé, tué.
Mais à la fin lorsqu'il croit avoir atteint un pays de paix, il ne trouve qu'indifférence et irresponsabilité. et perte de repères.
RESF ainsi que Ségolène Petit et Chantal Thabourin m’ont autorisé à mettre ce chant de colère dans la présente série Poésie.
Michel-Lyon
Mesdames et Messieurs les Conseillers du Loiret,
Monsieur le Président,
Un gosse dont vous aviez la charge est mort hier en prison.
De ce qu’il a enduré pendant son exode depuis le Mali, on ne sait pas grand-chose.
Il aurait dû pouvoir s’en ouvrir à des éducateurs, à un psychologue, des médecins…
Mais il a dû se contenter d’une chambre d’hôtel, du désœuvrement et de la compagnie d’autres jeunes aussi paumés que lui.
On sait qu’il a vu son frère mourir en mer, alors que lui en a réchappé.
On sait qu’il n’en dormait plus la nuit.
On sait qu’il avait une envie farouche d’aller à l’école et qu’il y était parvenu, en janvier.
Mais ça n’a pas suffi.
Non, toute l’aide que nous pouvons apporter à ces jeunes, toutes les batailles que nous menons avec eux pour faire reconnaître leurs droits ne suffisent pas à guérir leurs blessures et ne remplaceront jamais une réelle assistance éducative.
Quand la violence de l’institution, qui refuse ces jeunes et les laisse à l’abandon, s’ajoute à celle de l’exil, alors nous voyons poindre la folie.
Ce jeune venait d’avoir 17 ans. Il n’a pas su contenir cette folie et encore moins sa violence. Il y a à peine deux mois, il a blessé et détruit à son tour, en violant une jeune femme. Il a été incarcéré pour cela.
Et hier, il s’est suicidé.
Il a rejoint son frère mort en mer.
Il a rejoint tous ceux que les frontières tuent.
Il a payé de sa vie le prix que vous refusez de mettre pour accueillir tous ces gosses dignement.
Il y a quelques mois, vous nous accusiez d’avoir claqué la porte à l’une de vos réunions car nous n’acceptions pas que vous y refusiez la présence de représentants des jeunes.
Quand vous comprendrez que ces gamins sont avant tout en danger et donc à protéger et à être écoutés.
Quand vous admettrez que ce que nous faisons pour eux, et avec eux, ne crée pas d’appel d’air mais n’est qu’une attitude tout simplement humaine.
Alors, peut-être, pourrons-nous échanger.
Pour RESF45 et le Collectif Jeunes Isolés Etrangers du Loiret,
Ségolène Petit et Chantal Thabourin
https://blogs.mediapart.fr/resf/blog/280416/un-gosse-dont-vous-aviez-la-charge-est-mort-hier-en-prison
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