Billet de blog 18 mai 2016

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RC 35 Aux milliers d’enfants isolés parmi les réfugiés

Le Défenseur des Droits a publié un remarquable rapport sur les entorses lourdes au droit vis-à-vis des Réfugiés. Parce que ce rapport glisse sans bruit vers les oubliettes, je publie ici le chant de colère publié par Resf le 28 avril. Il montre ce que des milliers d'enfants sont contraints de vivre dans leur quête à haut risque d’un pays où il soit possible de vivre.

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Je reproduis ici le chant de colère publié dans blog Resf le 28 avril : "Un gosse dont vous aviez la charge est mort hier en prison", 

Il dit ce que des milliers d'enfants sont contraints de vivre dans leur quête à haut risque d’un pays où il soit possible de vivre sans être enrôlé, torturé, tué. 

Mais à la fin lorsqu'il croit avoir atteint un pays de paix, il ne trouve qu'indifférence et irresponsabilité.        et perte de repères.

RESF ainsi que Ségolène Petit et Chantal Thabourin m’ont autorisé à mettre ce chant de colère dans la présente série Poésie.

Michel-Lyon

Mesdames et Messieurs les Conseillers du Loiret,

Monsieur le Président,

Un gosse dont vous aviez la charge est mort hier en prison.

De ce qu’il a enduré pendant son exode depuis le Mali, on ne sait pas grand-chose.

Il aurait dû pouvoir s’en ouvrir à des éducateurs, à un psychologue, des médecins…

Mais il a dû se contenter d’une chambre d’hôtel, du désœuvrement et de la compagnie d’autres jeunes aussi paumés que lui.

On sait qu’il a vu son frère mourir en mer, alors que lui en a réchappé.

On sait qu’il n’en dormait plus la nuit.

On sait qu’il avait une envie farouche d’aller à l’école et qu’il y était parvenu, en janvier.

Mais ça n’a pas suffi.

Non, toute l’aide que nous pouvons apporter à ces jeunes, toutes les batailles que nous menons avec eux pour faire reconnaître leurs droits ne suffisent pas à guérir leurs blessures et ne remplaceront jamais une réelle assistance éducative.

Quand la violence de l’institution, qui refuse ces jeunes et les laisse à l’abandon, s’ajoute à celle de l’exil, alors nous voyons poindre la folie.

Ce jeune venait d’avoir 17 ans. Il n’a pas su contenir cette folie et encore moins sa violence. Il y a à peine deux mois, il a blessé et détruit à son tour, en violant une jeune femme. Il a été incarcéré pour cela.

Et hier, il s’est suicidé.

Il a rejoint son frère mort en mer.

Il a rejoint tous ceux que les frontières tuent.

Il a payé de sa vie le prix que vous refusez de mettre pour accueillir tous ces gosses dignement.

Il y a quelques mois, vous nous accusiez d’avoir claqué la porte à l’une de vos réunions car nous n’acceptions pas que vous y refusiez la présence de représentants des jeunes.

Quand vous comprendrez que ces gamins sont avant tout en danger et donc à protéger et à être écoutés.

Quand vous admettrez que ce que nous faisons pour eux, et avec eux, ne crée pas d’appel d’air mais n’est qu’une attitude tout simplement humaine.

Alors, peut-être, pourrons-nous échanger.

Pour RESF45 et le Collectif Jeunes Isolés Etrangers du Loiret,

Ségolène Petit et Chantal Thabourin

 https://blogs.mediapart.fr/resf/blog/280416/un-gosse-dont-vous-aviez-la-charge-est-mort-hier-en-prison

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