Merci à Médiapart pour le reportage publié le 21 octobre 2014, riche de témoignages de femmes en lutte « Licenciées en 2011 par le groupe des 3 Suisses, les ex-salariées n'ont cessé de se battre via leur collectif les Licenci'elles. Une mobilisation originale, qui a porté le projet d'interdiction des licenciements boursiers, et qui fait des émules. Quatre ans plus tard, malgré les épreuves rencontrées, la cour d'appel de Douai devrait, mardi, leur donner raison en condamnant les 3 Suisses pour licenciements abusifs.
"(…) Continuant sur leur lancée, les Licenci'elles font la bascule en sillonnantla Franceen lutte. À défaut de loi, elles repèrent avec Fiodor Rilov les entreprises en conflit et se rendent auprès des salariés, partager leur expérience.
« Lors des plans de sauvegarde de l'emploi, les gens ne savent pas comment réagir, confiait en juin dernier une Licenci'elle qui, aujourd'hui, a pris du recul. On allait dans les boîtes pour aider les salariés à comprendre le mécanisme et ne pas se faire avoir. » « Et ça, reprend Séverine, les syndicats ne l'ont pas accepté. En prenant de l'ampleur, nous sommes un peu devenus les "hommes à abattre". Entre eux et la direction des 3 Suisses qui a poursuivi son travail de sape, c'était difficile de tenir. »
"(…)La lutte sociale, toutes s'accordent à le dire, est un drôle de mélange de joies et de peines, un jour avec des très hauts, l'autre avec des très bas.
"(…)« La lutte nous fait grandir et changer »
« J'ai fait sauter plusieurs carcans. Aujourd'hui, à 40 ans, j'ai l'impression d’une renaissance. On se rend compte de qui on est vraiment et du décalage avec notre vie d'avant, le rôle que l'on jouait ou que l'on se donnait. »
Mais grâce aux Licenci'elles, ma conscience s'est réveillée, et maintenant j'aurais du mal à me taire. »
Ces paroles disent très simplement ce qu'est l'émancipation.
L'émancipation se gagne dans la lutte que l'on gère soi-même, collectivement.
L'émancipation est individuelle et collective.
Elle n'est pas idéaliste : il faut à la fois vivre, et se battre dans la longue durée, gagner de nouvelles forces.
Elle révèle en chacune, en chacun, des facettes méconnues de sa personnalité, toute une richesse qui se déploie.
Le collectif lui-même se transforme, gagne en lucidité et en inventivité, multiplie ses liens sociaux.
Contre le pillage de notre société, contre la dégradation de toutes nos activités sous la corrosion par le profit, contre des conditions de travail qui tuent l'humain, il faut des milliers et des milliers de "Licenci'elles" !