Je relaye ici la pétition de la LDH après les opérations de police de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées du 24 mars 2023. Les manifestations populaires montrent une jeunesse très mobilisée, debout face aux violences, engagée globalement sur tous les fronts où les peuples sont attaqués : domination sur les femmes, dérèglement climatique, populations déplacées et maltraitées, ... . Michel-Lyon.
Pétition nationale de la Ligue des Droits Humains :
Madame la Première ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur,
Le territoire français − et les grandes villes plus particulièrement − sont depuis plusieurs jours le théâtre d’opérations de maintien de l’ordre de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées.
Ces derniers jours ont vu le retour des nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et les grenades de désencerclement ou explosives, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre et réputés pour leur violence, en particulier la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) et les brigades anti criminalité (BAC), avec des interpellations et des verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et des violences gratuites et attentatoires à la dignité, parfois même à l’intégrité physique des personnes.
Président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme), association qui œuvre depuis 1898 à la défense des droits et libertés, je ne peux que constater que vous faites le choix d’une escalade répressive pour briser des mouvements sociaux légitimes. Votre politique brutale plonge aujourd’hui le pays dans une situation particulièrement alarmante pour la démocratie.
Avec cette pétition, la LDH et l’ensemble des citoyennes et citoyens signataires appellent votre gouvernement à la raison et exigent de vous, Madame la Première ministre, Monsieur le ministre de l’Intérieur, le respect des droits fondamentaux.
Sous les plus brefs délais, nous demandons :
– l’interdiction des techniques d’immobilisation mortelles et des armes de guerre ;
– une révision des méthodes d’intervention de maintien de l’ordre (notamment la suppression de la BRAV-M et de la nasse) ;
– la suppression du délit de participation volontaire à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations (article 222-14-2 du code pénal) et la fin des gardes à vue "préventives", de la politique du chiffre sur les interpellations ;
– un traitement judiciaire équitable des faits de violences policières et un meilleur encadrement des procédures d’outrage et rébellion ;
– une réforme des conditions autorisant les contrôles d’identité, aujourd’hui détournés de leur objet à des fins de pression et de répression ;
– le respect de la qualité des observatrices et observateurs indépendants et des journalistes, et plus généralement de la liberté d’informer et de rendre compte des pratiques des forces de l’ordre.
C’est là le préalable à un avenir commun apaisé. Car le risque d’un ordre qui déborde, c’est d’être lui-même bientôt débordé face aux tensions et à la radicalité qu’il exacerbe.
Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l'Homme)
Pour aller plus loin, et signer, consultez la page de campagne Stop violences policières.
Ajout du 2 avril 2023.
https://blogs.mediapart.fr/les-soulevements-de-la-terre/blog/020423/darmanimp-reponse-des-soulevements-de-la-terre
=================
Mahamadou, jeune Malien de 19 ans, vit en France depuis maintenant 4 ans. Envoyé en Europe par sa famille pour des raisons économiques, confié à des réseaux de passeurs, ce jeune garçon a traversé, comme tant d’autres, plusieurs pays et la méditerranée au péril de sa vie.
Son parcours le conduit jusqu’à Nîmes en février 2019, où il est recueilli par une association. Reconnu mineur, le Procureur de la République du Gard le confie à l’aide sociale à l’enfance de la Gironde sous le statut de MNA (Mineur Non Accompagné). C’est ainsi qu’il arrive à Bordeaux, à l’âge de 15 ans.
Pris en charge par une MECS (Maison d’enfants à caractère sociale), Mahamadou est hébergé en foyer dans un premier temps, puis en appartement. Depuis sa majorité, il continue de bénéficier d’un accompagnement éducatif dans le cadre de contrats jeunes majeurs avec le Conseil Départemental, renouvelés régulièrement.
Mahamadou a toujours fait preuve d’un comportement exemplaire. C’est un jeune garçon très pudique et réservé mais profondément altruiste, respectueux et tolérant.
Après une année de scolarité en lycée dans une classe pour primo-arrivants, il décroche un apprentissage en CAP Opérateur logistique, diplôme qu’il a brillamment obtenu en juillet dernier. Son employeur, la Société D.i.V.I.N à Eysines (société spécialisée dans la distribution d’équipements vinicoles et industriels) ne cesse de souligner tout autant les qualités humaines que les compétences professionnelles de ce jeune, à tel point qu’un CDI lui est proposé à l’issue de son cursus.
Mahamadou, lui, souhaite se former davantage et poursuivre avec un Titre professionnel de niveau Bac, (Technicien d’entreposage). Isabelle TANNÉ, gérante de l’entreprise, lui renouvelle tout naturellement sa confiance et un contrat d’apprentissage pour une année supplémentaire, en attendant de l’embaucher de manière définitive.
De l’avis de ses collègues de travail, de ses formateurs et des travailleurs sociaux qui l’accompagnent, Mahamadou s’est toujours montré sérieux, curieux, investi et motivé.
A l’aube de ses 18 ans, Mahamadou dépose une demande de Titre de séjour auprès de la Préfecture de la Gironde. Le temps de l’instruction de son dossier, il reçoit plusieurs récépissés lui permettant de poursuivre son apprentissage.
Hélas, il reçoit le 13 juillet 2022 une obligation de quitter le territoire Français (OQTF). Le contrat de travail est dès lors suspendu.
Assisté de son avocat, Mahamadou a fait appel de cette décision. Une première audience au Tribunal Administratif en Août, statue dans l’urgence, suspend l’arrêté de la préfecture et ordonne la délivrance d’un récépissé autorisant le garçon à travailler.
Mahamadou signe alors un nouveau contrat d’apprentissage et reprend sa formation, soulagé.
Le Tribunal examine à nouveau sa situation en novembre dernier et par décision du 07 décembre 2022 vient confirmer l’OQTF délivrée en juillet.
À aucun moment, l’histoire de vie, le parcours, l’intégration sociale ni même l’insertion professionnelle du jeune garçon ne sont pris en compte.
Mahamadou dépose un nouveau recours devant la Cour administrative d’appel, cette fois-ci. Pour autant, celui-ci n’est pas suspensif de la décision et les délais de ce type de procédure sont très longs. Mahamadou n’a pas le temps d’attendre!
Alors qu’il ne projette pas son avenir ailleurs que dans le pays qui l’accueille depuis maintenant 4 ans, Mahamadou ne peut pourtant plus travailler, ni poursuivre sa formation. Menacé d’expulsion, il est en situation irrégulière, avec toutes les difficultés et la précarité que cela sous-entend.
Au-delà de l’incompréhension et de l’injustice que suscitent cette décision sur le plan humain, c’est aussi un non sens sur le plan économique.
Comment comprendre que l’État français ait investi autant sur ce jeune en terme d’hébergement, d’accompagnement social, d’éducation, de formation pour lui refuser ensuite le séjour alors qu’il devient capable de répondre à un besoin économique. Qui plus est à un moment où les secteurs de la logistique et du transport sont reconnus comme métiers en tension!
Pour toutes ces raisons, Madame Tanné son employeur, ses collègues de travail, son centre de formation, ses amis et l’équipe éducative qui l’accompagne s’indignent de cette décision et se mobilisent pour soutenir ce garçon et permettre sa régularisation.
Aidez-nous en signant cette pétition!
Donnons à Mahamadou le droit de travailler et vivre dignement en France!