Extraits des articles du 8 septembre 2014 et du 27 août 2017. En soutien à cette belle initiative.Michel-Lyon.
6 et 7 septembre 2014 Cent cinquante associations de quartier se sont officiellement unies ce week-end à Nantes pour former « Pas sans nous », une coordination citoyenne ambitionnant de devenir un véritable « syndicat des banlieues ». Objectif: refonder la politique de la ville en misant sur la démocratie participative.
25 aoput 2017 À Angers, la coordination « Pas sans nous », qui se veut un « syndicat des banlieues », a tenu sa première université d’été, inquiète face au désintérêt du gouvernement pour les quartiers populaires.
Face à une centaine de militants Pas sans nous (PSN) venus de toute la France, David Ropars, « môme de dispositif » qui a grandi à Angers au milieu des « animateurs socioculturels », des « city stades » et autres « projets co-constructifs », déconstruit avec humour les mécanismes de la politique de la ville à travers une conférence gesticulée. Lancée en septembre 2014 avec pour ambition de devenir le « syndicat des banlieues », la coordination des Pas sans nous organisait ce week-end sa première université à Angers, dans le quartier de La Roseraie.
Au programme : ateliers sur la rénovation urbaine, l’emploi, l’école, l’état d’urgence, l’impact des discriminations, etc. « Il faut être à la fois dans la contestation et dans l’idée de faire nous-mêmes », dit la sociologue Marie-Hélène Bacqué. Cette sociologue spécialiste de l’empowerment est co-auteur avec Mohamed Mechmache, d’AC le Feu (collectif constitué après les révoltes de novembre 2005), du rapport de juillet 2013 préconisant « une réforme radicale de la politique de la ville » à l’origine du mouvement.
Seul EELV a repris sur son programme leur proposition phare, celle d’un « fonds pour la démocratie d'initiative citoyenne », abondé par 5 % du financement de la vie politique et visant à développer la démocratie participative.
« Ce fonds nous permettrait de faire intervenir des juristes, des urbanistes, des architectes et proposer nos propres projets, d’éviter un tel gâchis de temps et d’argent à Notre-Dame-des-Landes par exemple. » La proposition, aujourd’hui au point mort, n’a pas été évoquée lors des débats sur le projet de loi sur la moralisation de la vie publique. « On aurait pu donner du sens à la suppression de la réserve parlementaire, remarque Mohamed Mechmache. Mais les responsables politiques restent braqués. Pourtant quand on voit les taux d’abstention énormes, ils devraient se poser des questions. La démocratie est en danger, et pas seulement dans les quartiers populaires.
La loi a imposé un dispositif obligatoire, composé pour moitié d’habitants tirés au sort et pour moitié de représentants associatifs et d’acteurs locaux.
« À quelques endroits, les élus ont joué le jeu mais globalement ces structures ont peu d’autonomie et pèsent peu sur les décisions », estime Marie-Hélène Bacqué.
Dans certaines villes, le collège des habitants a été tiré au sort sur les listes électorales, excluant de fait les non-inscrits et étrangers. D’autres villes ont utilisé les listes des bailleurs ou EDF. « L’esprit de la loi est détourné, explique Mohamed Ragoubi, président d’APPUII (Alternatives pour des projets urbains ici et à l'international). Nous avions proposé des tables de quartier, venant de la base comme un contre-pouvoir aux projets arbitraires des maires. Aujourd’hui, on a des conseils citoyens avec le maire qui choisit ses copains. »
… « L’objectif des Pas sans nous est de se renforcer encore dans les quartiers et de « faire la convergence » avec d’autres luttes « sans se retrouver dans une situation de domination par rapport à des militants qui maîtriseraient mieux la parole », met en garde Marie-Hélène Bacqué. Mohamed Mechmache évoque le réseau Alterniba auquel il a œuvré lors de la COP21, et la ZAD de Notre-Dame-des-Landes où plusieurs militants PSN se sont rendus début juillet. Mais d’abord, il s’agit de faire entendre la voix des habitants des quartiers populaires. « C’est notre temps, qui les réunirait si nous n’étions pas là ? »
Pour les militants racisés, la « convergence » peut prendre un goût encore plus amer. Fathia, militante lilloise PSN, raconte comment elle s’est vue ramenée à son voile lorsqu’elle a voulu participer à Nuit debout à Lille.
Une militante française, aux parents d’origine algérienne, qui vit sur la ZAD depuis quatre ans, a vécu des expériences plus insidieuses « dans ce milieu politisé majoritairement blanc ». « Ce n’est pas malveillant, mais on va me parler de l’Afrique comme si c’était un pays ; ou on me demande si je connais “Mohamed” sous prétexte qu’il vient d’Algérie, relate-t-elle. Et ta parole n’a pas le même poids : tu es gentille, on va t’expliquer… »
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