1. Révolution numérique, de quoi s'agit-il ?
De robots ? Ils ont supprimé des emplois en nombre, et en outre, une fois les mises au point achevées, on paye les techniciens chargé du fonctionnement ordinaire, au niveau des anciens OP (ouvriers professionnels). Et c’est encore trop cher ! On délocalise vers des pays de moindre niveau de vie!
D’imprimantes 3D ? Mais c’est encore un objet de laboratoires.
L’enjeu véritable n’est pas là.
Ce sont les plateformes type UBER, qu’on veut nous imposer. Les prétendus moyens pour des « indépendants » « de se grouper pour travailler ensemble ».
C’est vrai que de jeunes diplômés tentent de se grouper ainsi pour échapper à l’esclavage salarial, et se créer une clientèle. Partie difficile à jouer dans un contexte économique corrosif. Cela se termine souvent à la case « parents », s’ils sont encore là comme position de repli.
Mais c’est d’autre chose qu’il s’agit, généralement, à grands frais publicitaires.
Il s’agit de systèmes variés, adaptés à de plus en plus d’activités, pour encadrer le travail de prétendus indépendants, encaisser le prix de leur travail, échapper aux contraintes des employeurs, et les mettre en concurrence pour les payer au moins disant. Puis les priver de travail sans avoir à le justifier.
De plus en plus de sociétés jouent sur les deux panneaux : quelques salariés en CDD courts qu’on a sous la main dans les locaux, et des plateformes dispersés exploitant prétendus indépendants .
La plateforme donne en outre l’avantage de masquer l’employeur qui la confie à un simple manager. Les travailleurs n’ont pas d’interlocuteur !
Le dirigeant de la société n’a que son ordinateur, son réseau de plateformes, et le tiroir-caisse. Dans des secteurs de plus en plus nombreux. Notamment dans l’audiovisuel. Cela va remplacer beaucoup de sociétés d’intérim.
La finance néolibérale est mondialisée, délocalisée, dématérialisée. Désormais, les employeurs aussi !
Les contrôles fiscaux n’ont en outre rien à constater, puisque les « Indépendants » sont soit sur les routes et en clientèle, soit à leur domicile inviolable.
Au 19° siècle, les cousettes travaillaient à leur domicile et leurs enfants aussi, pour des tarifs minables, on ne leur donnait du travail quand on avait besoin. Tous les matins, les dockers revenaient faire la queue à l’embauche pour travailler quelques heures. Sans aucune garantie sur le lendemain. L’écriteau « Pas d’embauche, aujourd’hui » pendait souvent au portail.
Plus tard, on a appelé cela le capitalisme sauvage.
L’avenir numérique radieux, avec la « disparition de l’emploi salarié » annoncée, est une formidable régression. Le prétendu "Indépendant" est super dominé, super exploité. *
Mystification !
2. L’idée qu’une technique détermine un système social, est fausse et trompeuse.
Vous confectionnerez un couteau différent pour greffer, peindre, ramaser des herbes, ou vous défendre et ils ne sont difficilement interchangeables. Mais, bien sûr on peut soigner ou tuer avec un scalpel.
Selon le type de société vers lequel on s'oriente, les machines elles-mêmes sont conçues de telle ou telle façon, mises en oeuvre différemment.
C'est le projet politique qui est déterminant.
C'est la volonté d'enrichissement qui a déterminé la société industrielle, Pas "la machine". Et déterminé les choix d’énergie et de types de machines mises au point, et modelé les besoins qui feront acheter les produits industriels. Le progrès technique a uniquement rendu possible cette option.
"Le couteau", "la machine" sont dans le propos courant, réduits à un concept maléable. qui donnent un semblant de matérialisme. Alors qu'ils dématérialisent.
Aujourd’hui, la technologie numérique ne crée pas une nouvelle ère sans salariés !
C'est l'imaginaire humain, ses choix, qui déterminent ses actes décisifs, détermine le choix des moyens, oriente le développement de nouvelles technologies selon ses besoins.
C’est ce même ressort, qui a déterminé les conquêtes coloniales et la forme de cette domination : maind'oeuvre quasi gratuite, marché et matières premières pour l'industrie, chair à canon pour les guerres intercapitalistes.
3. Le développement du numérique tel qu’il est réalisé répond aux besoins d'une oligarchie financière mondialisée, libérée des nations et des frontières.
Pour optimiser son profit, modeler de nouveaux besoins, modeler une représentation du monde et de soi-même consumériste, déculturée.
Pour mettre sous contrôle et réprimer toutes les populations de la planète, dont il nie l’humanité. Populations fragmentées, poussées dans des conflits atroces, enfermées dans des Etats policiers et des fontières militarisées.
Du même coup l'oligarchie détruit elle-même sa propre humanité aussi.
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* Préparer sa plainte en Conseil de Prud’homme en requalification du contrat commercial en contrat de travail : voir fiche dans la série RC (Résister. Créer) https://blogs.mediapart.fr/edition/les-mots-pieges-du-neoliberalisme/article/030217/autoentrepreneurs-requalifier-en-contrat-de-travail-preparer-la-pl