L’anthropologue et militant David Graeber nous a quitté il y a deux ans mais son œuvre et ses idées vivent toujours. A l’occasion de la parution de son ouvrage inédit en français, La fausse monnaie de nos rêves, théorie anthropologique de la valeur, traduit par Morgane Iserte, Mediapart, Attac et Les Liens qui Libèrent organisent une soirée de rencontres et d’hommages à ce penseur pirate.

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Des chercheuses, chercheurs, militant·e·s, lectrices et lecteurs viendront parler de l’importance du travail de David Graeber et de la place qu’il continue d’occuper dans nos vies, nos travaux et nos collectifs. Il y aura aussi des lectures de ses textes.
Chercheur obstinément passionné par l’origine des inégalités et les luttes pour les démanteler, activiste déterminé, des mouvements altermondialistes à Extinction Rebellion, en passant par Occupy Wall Street et le Rojava, David Graeber était l’une des rares personnalités intellectuelles à mener de front son travail académique et ses engagements militants, avec une même exigence et une curiosité inextinguible.
Capable d’arrêter un travail d’archéologie en Mésopotamie pour aller rencontrer des infirmières en lutte ou des Gilets jaunes en colère, navigant dans les archives de sujets en sujets avant de partager le quotidien des combattants kurdes, susceptible de ne rien concéder au sérieux du monde savant tout en se rendant disponible à tous ceux qui avaient envie d’embarquer sur son bateau pirate, fait de luttes et de livres : au contact de David et de ses textes, on sentait le vent s’engouffrer.
En 2021, est paru son ouvrage posthume co-écrit avec l’archéologue David Wengrow, Au commencement était… (Liens qui libèrent). Dans cette somme foisonnante, ils remontent la généalogie de l’organisation dominante des sociétés contemporaines : l’État-nation, avec de fortes inégalités et une répartition hiérarchique du pouvoir, une bonne dose de violence et de cruauté, une économie définie par la propriété privée.
Ils y battent en brèche l’idée très répandue qu’il a existé une période bénie où les chasseurs-cueilleurs vivaient en petites communautés libres et égalitaires. Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire des humains, ceux-ci ont au contraire expérimenté diverses formes d’organisations du pouvoir : un pouvoir parfois saisonnier, parfois matriarcal, parfois autoritaire et brutal, mais parfois, aussi, égalitaire et relativement libre, y compris sur de grandes échelles urbaines, décrivent les auteurs, à l’issue de dix ans de recherches.
Mourir à 59 ans, c’est trop tôt pour tout le monde. Dans le cas de David Graeber, c’est particulièrement triste, car sa disparition si jeune nous prive d’une œuvre précieuse, et peut-être sans équivalent, qui fournissait tant d’armes et d’outils pour arpenter le monde et en habiter les catastrophes.
RDV le jeudi 3 novembre à partir de 19h à la Maison ouverte, 17 rue Hoche, à Montreuil (M° Mairie de Montreuil). Entrée libre.