Billet de blog 16 septembre 2010

GILBERT ARGELES

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Le traumatisme psychologique chez les victimes et leur famille" (Dr Crocq)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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"Attentats et catastrophes,

Le traumatisme psychologique chez les victimes et leur famille"

par le Dr CROCQ, médecin Général

Psychiatre, il a tout d'abord travaillé sur la névrose de guerre et sur les réactions des populations

sous bombardements, puis sur le traumatisme psychologique vécu lors de catastrophes, attentats,

agressions…

Ainsi, grâce à ses travaux, on sait maintenant que peut se développer suite à un traumatisme

psychologique une symptomatologie spécifique.

Mais avant de le décrire, qu'est-ce que le traumatisme psychologique ?

Le psychotraumatisme se définit comme un événement violent et brutal faisant irruption dans la vie

d'un individu ; il faut conserver à cet événement ses caractères d'exception ; les défenses

psychologiques de l'individu sont alors débordées.

La symptomatologie post-traumatique se devise en trois périodes : les réactions immédiates, le

temps de latence et les réactions tardives.

La réaction immédiate normale, sur un individu soumis à une situation inhabituelle est la réaction

biophysiologique et psychologique, par libération d'adrénaline. Cette réaction est utile puisqu'elle

est focalisatrice d'attention, mobilisatrice d'énergie et incitatrice à l'action. Elle peut être

accompagnée de symptômes gênants : accélération du pouls, accélération du rythme respiratoire,

sueurs, envie d'uriner.

Dans le cas d'un psychotraumatisme, le stress peut être dépassé : on verra alors des individus

s'installer dans une sidération, ou au contraire dans une agitation : certains adopteront une fuite

panique ou alors des actions automatiques. Ce sont ces individus soumis à une réaction de stress

dépassé qu'il faut soigner sur le terrain. Puis, dans les heures ou les semaines suivant le

psychotraumatisme, peut se développer une pathologie post-immédiate sous forme de décharges

émotives différées (crise de larmes, abattements, irritation…), de queues de stress durant plus

longtemps, un repli sur soi ou au contraire une euphorie ces symptômes sont également à prendre en

compte.

Puis, débute une période qui est le temps de latence, où apparemment il ne se passe rien.

Elle peut durer de 15 jours à 6 mois ou 1 an (même trois ans dans le cas des déportations). Pour un

observateur averti, cette période n'est pas si neutre que cela, c'est pourquoi il faut assurer un suivi

des individus.

Puis, peut s'installer le syndrome post-traumatique avec son cortège de symptômes spécifiques et de

ceux non spécifiques. Le syndrome de répétition est spécifique : il se manifeste par des

hallucinations, des souvenirs forcés, des ruminations, des tics, des sursauts ou des cauchemars ; et

ceci spontanément ou de manière provoquée (stimulus, anniversaire)…

Les symptômes non spécifiques sont les suivants : asthénie, anxiété, symptômes psychonévrotiques

troubles psychosomatiques, troubles des conduites.

A cette symptomatologie peut s'associer une modification de la personnalité en personnalité

traumatique : blocage de la fonction de filtrage, blocage de la fonction de présence, démotivation,

blocage de la fonction d'affection.

L'histoire naturelle de la maladie ainsi décrite amène à deux sortes de réflexion :

1. Les individus ayant vu leur vie basculer par un psychotraumatisme sont malheureux et souffrent

d'une vraie maladie, qui n'a été reconnue par décret en tant que telle qu'en 1992 (reconnaissance de

la névrose de guerre).

2. La connaissance précise des symptômes et de leur évolution permet d'intervenir efficacement à

chaque étape du développement de la maladie, d'informer les individus ainsi que l'entourage, les

sauveteurs, les témoins qui eux-mêmes peuvent être choqués.

Que faire sur le terrain, et ensuite ? En dehors des soins somatiques, il faut rassurer et faire parler ;

informer sur les symptômes présents et à venir, revoir l'individu si nécessaire dans les jours suivants

vers les consultations spécialisées. C'est la mission des cellules d'urgence médico-psychologiques,

initiées par le Docteur Louis CROCQ en 1995 et qui interviennent sur le terrain.

Le thème de cette conférence était une bonne opportunité puisque si le psychotraumatisme est

tristement d'actualité de par le monde, il l'est aussi pour le Rosier Rouge qui accueille régulièrement

des victimes de guerre et d'attentats (Liban, Algérie…) pour lesquelles un accompagnement

particulier s'avère nécessaire.

compte-rendu par le Dr. Pascale Bouthillon-Heitzmann- 10/03/95

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