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A l'heure suisse

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Billet de blog 5 février 2010

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Suisse: une semaine au cœur du monstre (mou)

Avertissement: ce billet, fait d'allusions et de sous-entendus semblera probablement abscons à quiconque n'ayant pas jeté un œil assidu sur l'actualité suisse de la semaine écoulée.

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Avertissement: ce billet, fait d'allusions et de sous-entendus semblera probablement abscons à quiconque n'ayant pas jeté un œil assidu sur l'actualité suisse de la semaine écoulée.

La Suisse nous a fait don, généreuse, libérale, d'une semaine d'actualité foisonnante. Efforçons-nous d'en restituer ici toute la flamboyance. In a nutshell -comme disent nos amis anglo-saxons.

Pour ne pas être en reste par rapport à mes cinq confrères coincés dans le Périgord -double entendres- je n'ai utilisé que Twitter -sans toutefois en rejeter le lol- pour écrire ce billet -ou presque. [J'ai consulté Facebook, mais n'y ai trouvé cette semaine peu de matière journalistique].

Tout a commencé lundi 1er février par cette phrase cinglante : "C'est agaçant, à force, de vivre au milieu d'une épo­que de médiocres; surtout lorsqu'on se sent incapable de relever le niveau."

Le jour même, Yann Moix prend Michel Houellebecq au mot avec un morceau de bravoure coécrit avec Mouammar Kadhafi, et prouve, en passant -même si nous le savions déjà- qu'il n'est pas là non plus pour le relever (le niveau).

Le lendemain, la place financière suisse fait une nouvelle fois semblant de frémir. Les journaux romands, aux ordres, suivent en rangs serrés et poussent des cris d'orfraie. Le pitch : Angela, jalouse du succès de Nicolas, tient sa revanche et, clame-t-elle, peu importe le prix. Il faut dire que quelques heures plus tard un Giacometti filait, au pas de sénateur, pour plus 100 millions de dollars. Alors oui, peu importe. Sur Twitter, @bonpourtonpoil glisse, malicieux : "En Suisse, on n'a plus de génies depuis Rousseau (sic), mais au moins on a des artistes bankables."

Pour en revenir à l'insignifiante menace allemande, sentencieux et glacial, le rédacteur en chef de la Tribune de Genève annonce : « Nous sommes cette fois au cœur du monstre. » Il pense paraphraser Ziegler qui rapportait de fait, selon la légende, la confidence du Che himself : « Tu vois cette ville (Genève ndlr) ? Toi ici tu es dans le cerveau du monstre ! Que veux-tu de plus ? Ton champ de bataille est ici. »

Sur Twitter, le sémillant @bonpourtonpoil , toujours lui, s'empresse de donner de l'ampleur -avec brio- au tout jeune concept moisi -de Moix ndlr- de « lausannéité » :

« Lausanne est également une capitale olympique qui n'accueillera jamais de Jeux olympiques, le siège de nombreuses fédérations sportives internationales avec un club de hockey rigolo et un club de football désopilant. La lausannéité pourrait donc être le fait d'avoir beaucoup de structures pour un truc qu'on connaît finalement très peu : "Un ministère des affaires étrangères en France ? Quelle "lausannéité !" »

Il était temps de relooker la Suisse, devenue ces derniers temps bouc émissaire par excellence. Ni une ni deux Bilan s'y colle. Comme c'est un peu chiant, on citera plutôt @Pikereplik sur Twitter et cette belle suggestion -pour le point 8- :

« Raconter des histoires. Par exemple que les banques ont été créées autrefois par Guillaume Tell et son épouse Heidi après avoir saisi les pièces d'or de l'ogre Gessler. »

Le storytelling gagne la Suisse. Nicolas sort de ce corps.

Le 3 février, devant le trop d'audace de la presse suisse, l'ATS décide de se mettre en situation de monopole. A 13 heures, les sirènes d'alarme retentissent sur tout le territoire. @croulants note pourtant : « Tiens, quelques sirènes ont du retard. C'est pas très suisse ça. » Rien ne va plus. Et @synthesise, plus factuel: « Vu le nombre de tweets pendant l'alarme, j'en déduis que pas mal de monde passe son temps sur twitter. »

Le 4 février, certains découvrent que l'hospitalité envers les Ouïgours, finalement, a des relents d'UBS (oui, UBS c'est comme le fond de veau en fait) et repensent, à regret, à Moix.

En attendant, @AnnePauleMartin, prise de claustrophobie dans le Périgord découvre que « la citation n'est pas une règle journalistique! Il faut être sûr de ses sources et pouvoir les citer les cas échéant. (sic) » En même temps, elle devait être dans un état de grand stress car « trouve l'expérience #HuisClosNet plus difficile sans électricité et sans connexion internet » (lol)

Après tant d'émotions, il a fallu laisser filer vendredi, car, comme le notait @croulants dès le mardi : « Sur la RSR ce matin: "Il faut aller de l'avant pour prendre du recul."

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