Ce printemps Arabe qui fait souffler un vent de liberté inédit a des traits communs avec des mouvements de même nature qui ont traversé notre histoire.
La révolution de 1789 a marqué la révolte contre le racket féodal qui durait depuis 1000 ans.
La révolution de 1848 a marqué la révolte contre le pouvoir bourgeois.
Mai 68 a marqué la révolte de l'individu contre le pouvoir social.
Ces mouvements ont des traits communs, ils sont spontanés, contagieux, violents, imprévisibles. Ils correspondent à des aspirations très profondes de notre espèce, ce goût de la liberté qui nous vient du fond des âges alors que nous étions des primates cueilleur chasseur.
Cette liberté qu'il a fallu contraindre pour bénéficier des avantages de la sédentarisation pour l'élevage, puis l'agriculture et enfin l'industrie. Ces contraintes ont été imposées non pas par l'évolution génétiques de notre espèce, mais par notre évolution culturelle, nous marquant moins profondément. Ainsi enfouies ces aspirations de liberté ressortent aux hasards des prétextes que leur fournit l'histoire.
Ces libertés peu compatibles avec une vie sociale organisée, sont l'occasion de désordres en particulier à cause de revendications sociales et très vite un pouvoir autoritaire reprend la main. Mais heureusement cette effervescence libertaire laisse des traces et permet d'accomplir des progrès dans les rapports de l'individu au groupe.
Dans le cas de la révolte Arabe elle s'est cristallisée autour du besoin de communiquer librement et de dénoncer les abus d'un pouvoir autoritaire. Ce besoin est la conséquence de la révolution Internet et de son ouverture au grand vent des cultures. Cette révolution des octets, quelque soit les pouvoirs autoritaires qui tenteront de la confisquer laissera des traces.
D'une manière souterraine elle risque de remettre en mouvement la culture islamique bloquée depuis le quatorzième siècle quand le courant orthodoxe s'est aperçu des dangers que la liberté de pensée faisait courir à la religion.
Par le besoin de liberté qu'elle exprime, cette percée de la tolérance et de la laïcité est encore très modeste mais réelle. Elle explique la fierté du monde arabe de pouvoir donner à l'Occident une leçon de politique dans un domaine où nous n'avons cessé de leur en donner, alors qu'à l'évidence nos démocraties sont en crise.
Même si cet optimisme doit être tempéré on peut aussi constater la présence très importante des femmes dans les manifestations pacifiques tant en Tunisie qu'en Egypte, gage qu'il se passe quelque chose d'important au royaume d'Allah.
