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Billet de blog 11 septembre 2014

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Édition de livres, poésie engagée, littérature, éducation populaire, enseignement, formation, stages, ateliers d'écritures, théâtre de l’opprimé

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Silvia Cuevas-Morales : 11 de septiembre

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In Pienso, luego estorbo... / Je pense, donc je gȇne... París, ABC'éditions, 2014.

11 de septiembre de 1973

Yo vi
Buitres lanzando bombas sobre la Moneda
mancillando la ilusión del pueblo
ensangrentando las alamedas

Yo vi
Títeres disfrazados de falsas primaveras
apostados en los tejados
disparando sobre el pueblo que corría por las aceras

Yo vi
A mi padre pedaleando en una bicicleta rota
camino a casa con el corazón destrozado
como el de sus compañeros en la derrota

Yo vi
A mi madre en lágrimas cosiendo a escondidas
para seguir manteniéndonos
con algunas de sus clientas
exiliadas
desaparecidas

Yo escuché
Las ráfagas de madrugada
las botas del enemigo que en cada puerta acechaban
mientras las casas de los traidores
emergían abanderadas

Yo vi
Mi hogar desaparecer en cuatro maletas desvencijadas
mis amigas
mis libros
mi infancia
todo se esfumaba mientras mi país se desangraba

Yo vi
Aquella enorme nave que surcaría los cielos
los ojos llorosos
los pañuelos
y jamás volví a pisar lo que fue mi pueblo

Yo vi
Y aunque quedara ciega
jamás se borrará el recuerdo
del horror que ese día
hizo su nido en mi pecho

(Silvia Cuevas-Morales)

11 septembre 1973

J’ai vu
Des vautours lançant des bombes sur la Moneda
souillant l´illusion du peuple
ensanglantant les promenades

J’ai vu
Des pantins déguisés de faux printemps
Postés sur les toits
Faisant feu sur le peuple qui courrait sur les trottoirs

J’ai vu
Mon père pédalant un vélo cassé
de retour à la maison avec le cœur défait
comme celui de ses compagnons en défaite

J’ai vu
Ma mère en larmes cousant en cachette
pour continuer à nous entretenir
avec quelques clientes
exilées
disparues

J’ai entendu
La mitraillade à l´aube
les bottes de l´ennemi guettant à chaque porte
pendant que les maisons des traîtres
émergeaient avec des drapeaux

J’ai vu
Mon foyer disparaître dans quatre valises délabrées
mes amies
mes livres
mon enfance
tout partait en fumée quand mon pays perdait son sang

J’ai vu
Cet énorme vaisseau qui creusait des sillons dans les cieux
les yeux larmoyants
les mouchoirs
et jamais je ne suis revenue à ce qui avait été mon village

J’ai vu
Et même si je devais rester aveugle
jamais ne s´effacera le souvenir
de l´horreur de ce jour
qui a fait son nid dans ma poitrine

(Silvia Cuevas-Morales traducido por Leticia Cola y Alexandra Freire-Neyroud)
Pienso, luego estorbo... / Je pense, donc je gȇne... París, Abecéditions, 2014.

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