Si la victoire de Bouteflika semble désormais acquise, la lutte pour la « deuxième place » risque de provoquer des changements majeurs dans l’histoire d’Algérie et du monde arabe. Luisa Hanoune, leader du Parti des Travailleurs (PT) d’inspiration trotskiste a, certes, peu de possibilités de gagner contre le « poids lourd » Bouteflika. Mais elle reste tout de même la première femme en Algérie et dans le monde arabe à viser la plus haute charge de l’État. Et cela, dans un pays où le Code de la famille (qui s’inspire de la loi islamique) relègue les femmes à un rôle marginal dans la société, représente une « rupture » considérable. Malgré des sondages largement défavorables (70% des Algériens disent ne pas vouloir une femme à la présidence), Louisa Hanoune pourrait obtenir un bon score qui lui permettrait éventuellement d’augmenter sa visibilité au sein de la scène politique algérienne. Son exemple pourrait pousser d’autres femmes à s’engager dans la même voie. Hanoune, qui s’était déjà présentée en 2004, refuse catégoriquement d’être considérée exclusivement comme la « candidate des femmes », même si elle lutte ouvertement pour les droits des femmes et contre le Code de la Famille approuvé en 1984. Ce code représente, à son avis, la pensée unique d’un seul parti (le FLN) et non pas la « volonté populaire ». Pendant ses mois de campagne électorale, elle a pu éclaircir son programme de « candidate du peuple » qui se base essentiellement sur trois axes : la nationalisation des ressources énergétiques du pays (qui suscitent l’envie des multinationales du monde entier), la protection de la production locale face à l’invasion des marchandises étrangères (surtout chinoises) et la réforme agraire pour la restitution des terres aux agriculteurs (pour en finir avec la mainmise des latifundistes). Hanoune voit la crise actuelle comme le collapsus du système capitaliste, un système qui s’est simplement effondré sur lui-même. « Il faut chercher d’autres voies » et elle semble cligner de l’œil au Venezuela d’Hugo Chavez. Membre de l’Organisation Socialiste des travailleurs (OST), elle est arrêtée en 1986 et est emprisonnée pour plusieurs mois. En 1990 elle fait partie des fondateurs du Parti des Travailleurs (PT) dont elle devient la secrétaire générale. En 2004 elle se présente, première femme en Algérie et dans le monde arabe, comme candidate aux élections présidentielles en obtenant 101 630 voix.
Marco Cesario
Billet de blog 6 avril 2009
Louisa Hanoune, la pasionaria d'Algérie
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