Billet de blog 8 mai 2009
Elections au Liban : une démocratie fragile à l’épreuve
Le Liban se prépare à aller aux urnes (les élections législatives auront lieu le 7 Juin prochain) sur fond de l’affaire Mohammad Zuheir al Siddiq (arrêté aux Emirats en Avril dernier) et de la libération (polémique) des quatre généraux impliqués dans l’assassinat de l’ex premier ministre libanais Rafik Hariri.
Le Liban se prépare à aller aux urnes (les élections législatives auront lieu le 7 Juin prochain) sur fond de l’affaire Mohammad Zuheir al Siddiq (arrêté aux Emirats en Avril dernier) et de la libération (polémique) des quatre généraux impliqués dans l’assassinat de l’ex premier ministre libanais Rafik Hariri. Des élections qui offrent aux Libanais “une occasion unique d'exprimer leur ferme engagement en faveur de la démocratie” selon les mots de l’envoyé spécial de l'ONU Terje Roed-Larsen. Le Hezbollah reste en position de force mais rien n’est encore joué. Les deux camps, l’Alliance du 14 Mars (soutenu par Etats Unis et Arabie Saoudite) et l’opposition du 8 Mars (soutenue par la Syrie et l’Iran) se livrent d’ores et déjà à une bataille sans merci et les progrès du Dialogue National, convoqué par le président libanais Sleimane, restent très limités. Mais le problème majeur reste le recours aux armes pour régler les différends politiques internes. Selon l’envoyé spécial de l’Onu, la condition préalable d’un retour à la normalité est le désarmement des milices libanaises et non libanaises. Le secrétaire de l’ONU Ban Ki-Moon a demandé aux autorités libanaises de démanteler l'infrastructure paramilitaire à l'extérieur des camps de réfugiés du FPLP-CG et du Fatah al-Intifada et a expliqué clairement que la démilitarisation du Hezbollah est essentielle à la stabilité du Liban. La capacité militaire du Hezbollah cause en effet le plus gros souci car représente, selon le secrétaire général de l’Onu, « un défi majeur au monopole du gouvernement à l'égard de l'utilisation légitime de la force ». Et il y a des nouvelles du front judiciaire. Après l’arrestation du témoin clé Mohammad Zuheir al Siddiq et la libération des quatre généraux impliqués dans l’assassinat de l’ex premier ministre libanais Rafik Hariri, l’alliance politique guidée par le mouvement chiite Hezbollah a intensifié les attaques contre le système judiciaire libanais, jugé coupable de détention « arbitraire » des quatre prisonniers. Le TSL (Tribunal Spécial pour le Liban), qui a pris ses fonctions le 1 Mars dernier, a officiellement ordonné la libération des quatre généraux après 4 ans de détention, « par manque de preuves. » Malgré cette libération, le procureur allemand Detlev Mehlis, qui mène l’enquête de l’ONU, a déclaré que les quatre généraux restent tout de même « dans la liste des suspects » car leur arrestation était fondée sur « des preuves et des témoignages ». Rien d’illégal donc mais Hezbollah proteste et demande de clarifier les responsabilités judiciaires à l’égard d’une détention jugée arbitraire. Le 7 Juin prochain la société civile libanaise demande de tourner le page. La démocratie et la volonté populaire réussiront-elles à prendre le dessus sur les déchirements et les divisions politiques internes du pays des cèdres ? Nous le souhaitons car, après tout, le Liban reste la seule vraie démocratie du monde arabo-musulman.
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