Ces derniers jours, des records absolus de chaleur ont été atteints dans le Finistère et ailleurs sur la façade maritime bretonne.
39,1 à Brest hier.
39 à Morlaix.
41 à Nantes.
C'est aussi la première fois, depuis que les relevés météo existent, que les îles bretonnes comme Ouessant passent la barre des 30 degrés au large.
Hier, en laissant à la fin de ma journée la fumée de l'incendie dans mon rétroviseur, j'avais la rage.
La rage, contre ceux qui pensent que l'on s'érige militant écologiste par plaisir. Comme si militer pour la sauvegarde de nos écosystèmes était une identité. Comme si l'on était heureux de le faire. Comme si, une fois que l'on avait tous les éléments en tête, on avait le choix.
La rage, contre ces générations qui me qualifient d'égoïste lorsque je dis ne pas me projeter dans une vie de famille. Contre une époque et un système économique qui me prive et prive nos générations du pouvoir de s'émerveiller de ce monde en compagnie d'enfants.
La rage, qu'on ne prenne pas collectivement plus de hauteur sur la situation. Que l'on ne se remette pas en tête que notre présence sur terre est le fruit d'un immense et hasardeux malentendu. Que le tout fonctionne de manière si parfaite soit tout simplement miraculeux.
Le goût de l'incendie n'est pas le même qu'ailleurs, ici, dans un des départements les plus pluvieux de France, au coeur d'une Bretagne que nos imaginaires projettent verdoyante et préservée des effets du changement climatique. Nos quelques oasis n'en sont pas, ou bientôt plus.
Ce matin, les regards sont tournés vers le mont Saint-Michel de Brasparts. La lande, déjà noircie par le soleil, part en fumée. Et j'ai la rage.