Billet de blog 3 décembre 2023

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Cherif Lounès

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Il y a 40 ans la Marche pour l’égalité et contre le racisme

Ainsi c’est après une marche initiée par des enfants d’anciens supplétifs de l’armée française appelés harkis, comme Toumi Djaïdja et Bouzid Kara portant un keffieh palestinien autour du coup, que les nouvelles générations issues de l’immigration vont opter pour le choix de la nationalité française. C'est là un retournement de l’histoire !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis quelques temps, beaucoup de Français sont effarés de découvrir des rassemblements de groupes identitaires violents qui entonnent des chants xénophobes.
Ainsi alors qu’on est en 2023 le fléau du racisme ne faiblit pas.

Pourtant, il y a 40 ans la Marche pour l’égalité et contre le racisme, partie de Marseille le 15 octobre 1983, arrivait à Paris le 3 décembre 1983 en ayant drainé derrière elle plus de 100000 marcheurs sur les Champs Élysées.
Les représentants de cette marche avec à leur tête Toumi Djaïdja, un fils de harki, avaient été reçus par le président Mitterrand qui entendra leurs justes revendications comme la carte de résidence de 10 ans pour les immigrés.

Quelque temps après, l’association « SOS Racisme » voyait le jour avec son slogan « Touche pas à mon pote ». Elle sera accusée d’avoir profité des effets positifs de la marche dans l’opinion publique pour servir d’autres intérêts. 

C’était aussi une époque où dans les partis de gauche on réclamait le droit de vote des étrangers aux élections locales.  
Mais la revendication de ce droit de vote sera peu à peu délaissé car il va y avoir dans la suite de cette marche des naturalisations en masse surtout à la fin des années 1980 début des années 90.

C’est là un grand bouleversement qui va s’opérer.
En effet, pendant longtemps l’immigration d’origine maghrébine, surtout algérienne, refusait la nationalité française car c’était intégrer la Nation de l’ancienne puissance coloniale.
Face à ces naturalisations nombreuses, les pays d’origine vont s’adapter et accepter la double nationalité alors que jusqu’à cette date c’était très mal vue et interdit.

Un certain nombre de « nationalistes » de la première génération qui avaient connu les guerres anti coloniales vont demeurer fidèles à la seule nationalité de leur pays d’origine et resteront sous statut d’étrangers encore aujourd’hui.

Ainsi c’est après une marche initiée par des enfants d’anciens supplétifs de l’armée française appelés harkis, comme Toumi Djaïdja et Bouzid Kara portant un keffieh palestinien autour du coup, que les nouvelles générations issues de l’immigration vont opter pour le choix de la nationalité française.
C'est là un retournement de l’histoire !

Quant au racisme, malgré cette marche et son acte fondateur de mouvements anti racistes, le fléau est toujours là. Il est encore plus fort à cause de l’échec des diverses politiques de la ville et surtout depuis l’émergence des médias d’info privés liés à la fachosphère.

Illustration 1
Affiche de la marche pour l’égalité et contre le racisme

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