
Présentant il y a un an de vastes projets immobiliers et hôteliers dans son schéma d’aménagement général, dont une dizaine en actuel plein développement (de la plage de To’oātea-Temae jusqu’à à la pointe de Teavaro), le Pays (le gouvernement de la Polynésie) prend des libertés avec le Plan de Gestion de l’Espace Maritime (PGEM) de Moorea, provoquant depuis, et sur 3 éditions, les régulières et fortes mobilisations de ses habitants (un millier de personnes en novembre 2021), toutes activités citoyennes confondues : associations sportives et culturelles (Cascem), et environnementale, les artisans-pêcheurs, les paroisses de l’Église protestante Māòhi, des enseignant.es etc. via la fameuse fédération d’associations Tāhei ˋAuti Ia Moorea pour stopper les opérations.
Ce samedi matin, la dynamique d’ensemble symbolisée par la liane de Auti tressée par les soins du peuple est augmentée de la présence du tout nouveau député de la première circonscription Tematai LE GAYIC (également officiellement engagé en Guyane avec le renfort de ses collègues parlementaires Moetai Brotherson et Steve Chailloux, en total soutien de la cause également environnementale des peuples autochtones : Voir la synthèse de l’événement qui s’est déroulé il y a tout juste 48h en France, en fin du présent article), et c’est une première à ce niveau de la lutte.
Le Pū (Conque de grande taille) d’ancestral ralliement de la descendance aux victoires futures, commence par résonner trois fois sur la plage de To’oātea, au souffle et à la prière de mon ami d’enfance Enata (Marquisien) Ismaël PATU HUUKENA : je dirai, le Vai Tuhuka, l’humble guide de nage méditative, accompagné de 56 nageurs et nageuses en escorte de circonstance solennelle.
S’ensuivent quelques appels retentissants, et rappels primordiaux de la part de membres de Tāhei :
Rotui TANE (membre de Tāhei) : « Faire rappeler à la population, faite rappeler au Pays [au gouvernement Ndlr], faire rappeler à tous ceux qui ont de l’argent : on a pas besoin de votre argent, on a besoin de notre terre, on a besoin de notre culture, pour qui ? Pour nos enfants, pour nos arrières petits-enfants, pour l’infini de nos enfants ».
Christiane KELLEY (membre de Tāhei) : "On ne nage pas pour faire du bruit. Pour frapper l’eau. Simplement dans le silence pour rappeler notre respect total pour la mer, notre lagon mais également à tout ce qui vit dans l’eau".
Emmenée par son président Rahiti BUCHIN (enseignant) qui évoque, parallèlement aux multiples enjeux à défendre, le travail de fond de Tāhei ˋAuti Ia Moorea, comme le recueil de signatures, la demande de consultation populaire pour les habitants de Temae et le combat mené au tribunal contre les remblais sauvages de la SNC Paetou avec demande d’étude d’impact, la fédération augmente significativement ses liens de protection tout comme l’étendue de son unanimité.
Guyanaisement solidaire,
Mauruuru Roa !
Kotou Nui
Soley’ !
Pyèr.
« Tahei auti ia Moorea : une manifestation tout en symboles contre les projets immobiliers »


Rencontre du 6 décembre à l’Assemblée nationale avec une délégation amérindienne menée par le chef coutumier Kal’ina du village de la Prospérité (Guyane), le chef Roland SJABERE
Cette délégation Kal’ina s’est déplacée jusqu’à Paris pour nous faire part d’une situation critique qui se déroule actuellement en Guyane, sur les terres de leur village. Une société portée par des groupes privés souhaitant implanter une centrale électrique d’une superficie totale de 75 hectares sur des terres aux abords du village Kal’ina Prospérité.
Quel est le point de dissension entre le village amérindien et les porteurs de ce projet ?
Tout d’abord un problème d’emplacement. Les autorités coutumières ne sont pas contre les énergies dé-carbonées et sont conscientes du besoin en énergies de la Guyane. La difficulté est qu’elles s’opposent au choix du site choisi par les porteurs de projet. Un site très proche du village et surtout dans le périmètre des terres coutumières nécessaires à la vie du village.
Le deuxième problème est la conception de la terre. D’un côté, des financiers qui voient la terre comme un moyen économique de se faire de l’argent. Et tant mieux pour la conscience et l’opinion publique si c’est en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique.
De l’autre, des autochtones qui ont une vision englobante de l’écosystème du vivant. Un peuple, une terre, des ressources, des histoires qui sont imbriquées et inaliénables. Un ensemble qui est unité. Cette vision est totalement en adéquation avec notre vision Māòhi, très très loin de la vision capitaliste.
Moetai Brotherson, Steve Chailloux et moi-même avons apporté notre soutien au peuple Kal’ina dans ce combat. Nous condamnons toutes formes de violences perpétrées par l’Etat français à l’encontre des autorités coutumières du village de la Prospérité. Nous rappelons la souveraineté des peuples autochtones sur leurs terres et engagerons, aux côtés de nos collègues députés guyanais Jean-Victor Castor et Davy Rimane, toutes actions qu’ils semblent utiles à engager.
Māuruuru maitaì pour cette rencontre forte en émotion, remplie d’amour, d’humilité et d’espoir pour nous tous, peuples autochtones. Une union indispensable dans la préservation de notre vision du vivant et du commun.

