Billet de blog 6 octobre 2016

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Pierre Carpentier

MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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Steve Chailloux, professeur de Tahitien, appelle à la décolonisation linguistique.

Benjamin de la délégation polynésienne des "pétitionnaires" qui se sont rendus mardi à New York à l'occasion de la IVème Commission de la 71ème Assemblée Générale de l'ONU (Politiques spéciales et Décolonisation), Steeve Chailloux, tahitien, doctorant à l'université de Hawaï, tance le pouvoir français qui n'en finit pas d'anéantir les langues REO MĀ'OHI.

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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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Illustration 1
Steeve Chailloux après son allocution à l'ONU.

À la Une du Club de Médiapart vendredi 7 octobre lien ici :

 Sur tntv.pf : lien ici : 

Traduction française :

"Monsieur le Président 'Ia ora na,

Nos langues vernaculaires appelées en Polynésie française, reo mā’ohi, constituent le socle non seulement de nos cultures millénaires mais également celui de notre identité autochtone. Elles sont le garant de l’expression particulière d’une vision du monde, qui nous est propre, forgée par notre ancestralité, notre histoire et nos traditions. C’est pourquoi, nos langues ainsi que les cultures qu’elles sous-tendent doivent impérativement être considérées comme constituant le coeur du patrimoine inestimable de notre Pays Mā’ohi, subissant depuis plus de 136 ans une double colonisation, politique et linguistique, venant de la France.

Si au cours de ces 30 dernières décennies le statut de la langue polynésienne la plus représentative de nos cinq archipels, à savoir le tahitien, fut celui de langue officielle conjointement avec le français, la révision de la Constitution de la République française de 1992 précisant dans son article 2 que « la langue de la République est le français » finit par priver définitivement notre langue de son légitime statut de langue officielle et des avantages qui y sont liés. 

Par conséquent, nous sommes devenus les otages d’une vision républicaine étriquée qui ne cesse, encore aujourd’hui, d’entretenir le rouleau compresseur qui rend impossible la reconnaissance officielle de notre langue ainsi que de notre bi culturalité car cette même République nous refuse le statut le plus évident de peuple jouissant d’une culture et d’une histoire singulière pour mieux nous reléguer au statut erroné de population. La distinction est essentielle. 

Nous ne sommes pas une population mais nous sommes le peuple Mā’ohi!

L’entêtement français à imposer à des peuples qui, comme le nôtre, vivent à 18 000 kilomètres de la France métropolitaine, une vision qui rend nos langues et nos cultures quasi anecdotiques se retrouvent également dans son refus catégorique de ratifier la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires.

Cette charte internationale est destinée, en effet, d’une part à protéger et à promouvoir les langues régionales ou minoritaires et d’autre part à favoriser l’emploi de ces langues dans la vie privée et publique.

Bien que signataire de la charte en 1999, la France s’est toujours obstinée depuis à refuser de la ratifier jugeant que celle-ci comportait des clauses contraires à la Constitution française. Et dernièrement en 2015 lorsqu’une loi constitutionnelle fut présentée au Sénat proposant la modification de la Constitution française permettant ainsi la ratification de la charte, les membres de cette assemblée rejetèrent ce texte.

Mon pays, mon fenua, a besoin du soutien de la communauté internationale pour inviter pressement la France à s’inscrire dans un processus de décolonisation, dont la ratification de ce traité en serait l’une des composantes, afin qu’elle reconnaisse, entre autres, notre droit le plus légitime d’exister officiellement en tant que peuple autochtone possédant une terre, une culture et des langues vernaculaires."

Merci, Ia ora na.

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