Billet de blog 18 mai 2016

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Rappel historique: l’arrivée du Bachaga Boualam à Mas Thibert

Il y a 54 ans, le 18 mai 1962, arrivait en Camargue à Mas Thibert près d’Arles le Bachaga Boualam. Il était accompagné par des membres de sa famille et par ses fidèles. Ces rescapés de la guerre d'Algérie évacués par l’armée française furent accueillis et installés dans de lamentables conditions au camp du Mazet dans des baraques en tôle au milieu de gravats et de détritus. Rappelons-nous.

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Près de la ville d’Arles, le village de Mas Thibert situé dans la plaine de La Crau, "infestée de moustiques", a vu son destin changer avec l'arrivée du Bachaga Boualam* accompagné de sa famille et de ses fidèles.  C'étaient des rescapés du massacre des harkis qui se déroulait sans justice en Algérie. Il avait débuté au lendemain des accords d'Evian avant même la proclamation de l'indépendance. Ces faits se sont déroulés dans l'indifférence de la métropole et du monde. 

En effet, après les accords d’Evian du 18 mars 1962 et du cessez le feu le lendemain 19 mars 1962, les harkis, désarmés et abandonnés par l'armée française qui les avait recrutés, étaient laissés à la merci des troupes du FLN. On assista dès lors à d’horribles représailles et à la vindicte populaire, une populace incitée et excitée contre eux. Ils furent aussi livrés aux exactions commises par des "combattants" de la dernière heure. 

C'est ainsi que les harkis et leurs familles restés en Algérie subirent un terrible massacre. On parle de 150000 morts.** 

Voici un petit extrait du livre du Bachaga Boualam: "Mon pays...la France". Ce livre est à lire absolument pour comprendre cette tragédie de l'histoire de la décolonisation. 

Extrait :

"...je dois dire que sans l'armée française, sans certains de ses officiers, je ne serais pas en vie aujourd'hui, ni moi, ni ceux de ma famille...tous mes harkis, tous mes hommes avaient été désarmés. [...] Partir était un devoir, si je voulais préserver tous ces enfants que j'ai prés de moi, ces orphelins dont les familles ont été égorgées par le FLN, ces petites têtes que je vois à chaque instant surgir des tentes de notre campement et qui me rappellent que, là-bas, le massacre des innocents continue. Ce n'était pas pour nous une question de jours, c'était une question d'heures. Il a fallu partir pour l'exil dans le pays que j'ai choisi, mon pays: LA FRANCE. ".
Mas Thibert 9 septembre 1962 

*Bachaga Boualam, député jusqu'à juillet 1962, vice président de l'Assemblée Nationale, commandant, ancien combattant de la guerre 39/45, commandeur de la légion d'honneur, il était le chef de la première "harka" de défense de son village. Une « harka veut dire un groupe en mouvement.   

 ** voir sur ce blog les articles :

-le 12 mai 1962 l'abandon des Harkis

-reflexion sur la question des Harkis

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