
Agrandissement : Illustration 1

Commission Développement Durable et Aménagement du Territoire de l'Assemblée Nationale française présidée par Jean-Marc Zulesi le mercredi 20 juillet.
À l’heure où la France et les dirigeants des grandes entreprises EDF, ENGIE et TOTAL ENERGIE appellent à une limitation des consommations électriques, gazières et de produits pétroliers, Jean-Victor CASTOR (groupe GDR) député de la Guyane rappelle le contexte des territoires d’Outre-Mer et particulièrement celui de la Guyane.
*
* *
"Oui, bonjour tout le monde... En fait, je vais peut-être me démarquer un petit peu...
La sobriété nous la connaissons depuis toujours, sur nos îles, chez moi en Guyane, et donc encore une fois, je dis que ces débats sont surréalistes pour nous.
Nous sommes sur des réseaux dits insulaires, moi même j'ai travaillé à EDF pendant 21 ans. EDF c'est toujours désengagée en matière de production, de transport et de distribution d'électricité. Sous prétexte qu'il y a une non rentabilité en matière de production, de transport et de distribution. Vous êtes des territoires, des pays en situation post-industrielle... nous l'industrialisation, elle n'a même pas encore commencé...
Nous importons pour pratiquement 90% donc, de nos produits, et nous exportons à peu près 10%. Ça n'a pas toujours été le cas...Il n'y a eu que pendant les périodes de guerre où cela a été différent... Je veux vous dire par là qu'il nous faut sortir impérativement chez nous, de l'économie de comptoir.
Tous nos élus et tous nos responsables ont pris la décision, donc.. euh... de se battre pour avoir une autonomie et pour décider par nous-mêmes. Cela a été voté à l'unanimité chez nous.
Parce qu'on peut comprendre que vous ici, vous êtes très loin de nos réalités. Donc la sobriété, c'est notre quotidien. Au moment même où je vous parle il y a une centrale électrique thermique, la décision a été prise en 2007, et il y a deux jours, là où on doit construire cette centrale électrique en 2022, eh bien le permis de construire a été rejeté par le tribunal administratif...
Nous vivons sous délestage depuis des dizaines d'années, et je vous parle des communes qui sont sur le littoral de la Guyane. Quant à l'intérieur, c'est une catastrophe. Tous le jours il y a des coupures d'électricité. Donc ce débat est surréaliste pour nous. Et dans le même temps vous savez qu'on nous a interdit, on va dire l'extraction pétrolière ou de gaz chez nous, et dans le même temps vos entreprises pétrolières TOTAL, très engagées, agressives sur tout le Plateau des Guyanes : du Venezuela jusqu'au Nord-Est du Brésil....
Nos populations ne comprennent pas ça. Elles ne comprennent pas vos décisions. Donc je tiens à vous dire que la sobriété nous la pratiquons, et nous la pratiquons du point de vue de nos coutumes et de nos traditions. Sauf qu'on ne peut pas demander à nos territoires de payer le prix de la pollution. Ce n'est pas la situation conjoncturelle d'aujourd'hui qui pose le problème de la sobriété, ce sont des choix de société.
Alors bien évidemment nous sommes preneurs du retour d'expérience de vos sociétés occidentales pour ne pas tomber dans les mêmes errements. Mais aujourd'hui, la réalité, c'est qu'un bidon de gaz sur le littoral c'est 25 euros, et quand vous allez dans les communes de l'intérieur c'est 100 euros. C'est ça la réalité.
Le Président Zelusi : "Merci cher collègue..."
Jean-Victor Castor : "J'en conclu... Et quand vous interdisez a des populations de vivre qu'est ce qu'elle font ? Elles déforestent.
Donc en fait, nous sommes sur des paradoxes et des situations qui sont vraiment étudiées... Je ne sais pas si nos institutions qui viennent de parler tout à l'heure, pensent à nos territoires."
30 MINUTES plus tard : "Vous n'avez jamais répondu à la question que j'ai posée. mais ça ne m'étonne pas... Euh... Moi je vous invite tous à faire très attention à ce que vous faites... il y a une forme de double peine. Hier nous étions sur un débat sur le coût de la vie, un projet de loi, qui à aucun moment n'a vu de façon différenciée la situation des territoire "d'outre-mer" et celle ici [en France Ndlr].
Aujourd'hui on parle de sobriété sur de la sobriété déjà existante... Je vous rappelle que chez nous, il y a près de 50% de la population qui n'a ni eau ni électricité...
Donc, j'attends des réponses. Peut-être que je les auraient, peut-être que je ne les auraient pas. Mais attendez vous au pire chez nous, parce que les gens n'accepteront pas qu'il n'y ait pas de décision..."