Le 15 août 1944 le débarquement de Provence s’opère entre Saint-Raphaël, Saint-Tropez et Cavalaire. Voici, tiré de diverses lectures derécits et de témoignages, un résumé très succinct de ces terribles combats dans lesquels s’illustrèrent les soldats musulmans de l’armée d’Afrique aux côtés de leurs frères d’armes appuyés par les résistants marseillais (FFI) : les Régiments de Tirailleurs Algériens (RTA), les Groupements de Tabors Marocains (GTM), les Régiments de Spahis Algériens (RSA), les Goumiers et les Régiments de Chasseurs d’Afrique (RCA).
Situation au 17 août 1944 : 87 000 hommes, 12 500 véhicules, 46 000 tonnes de munitions ont été débarqués.
La progression s'effectue par le Massif des Maures, Collobrières, Gonfaron, Le Luc, Pierrefeu, Quers, la Roquebrussanne, Méounes, Signes.
- Le 19 août. Le Camp du Castellet est enlevé par le 3e Spahis et l'on procède à l'encerclement le Toulon.
- Le 20 août. Le Général de LATTRE donne au Général de MONSABERT, commandant la 3ème Division d’Infanterie Algériens, un atout majeur : il met à ia disposition les blindés du Général SUDRE et les Tabors du Général GUILLAUME. Le regroupement du 7° RTA avec les marocains s'opère fraternellement (voir ci-dessous un organigramme simplifié).
Le 1ère DB se porte vers l'Ouest. Cuges et le Col de l'Ange sont atteints et le Général SUDRE poursuit sur Aubagne avec ses blindés.
Le 21 août le 1° GTM est à la Valentine. Des blindés passent par Saint-Savournin et Mimet. La liaison est établie avec le II /7°RTA à Gréasque, vers l'Etoile. L'objectif du 1° GTM est fixé sur Septèmes et les Caillols. Le 7- RTA arrive à Gardanne et son 1° bataillon (19/7° RTA) se porte sur Allauch et Saint-Jérôme, alors que le 2e bataillon (Il°/7° RTA) se dirige vers les Peyrets. Les Tabors se divisent en deux parties : les uns (1e GTM) vers Cadolive et Septèmes, les autres vers Cassis (3e GTM).
Le 22 août le 1° GTM poursuit son avancée par les itinéraires les moins repérables, c'est-à-dire en contournant la Chaîne de l'Etoile par le versant nord. Il faut imaginer ce que représente une telle progression, en plein mois d'août, dans les argéras, les cystes, les romarins et les divers épineux de nos collines... Avec tout le barda, l'armement, les chapelets de grenades pendus autour du cou, les postes radio... ! Mais les combattants Marocains se rient de ces difficultés; ils sont d'Azrou, d'El Hajeb, de Kasbah-Tadla ou d'Ouarzazate... La chaleur ? Vous n'y pensez pas ?
Les hommes du 2° Tabor se portent sur les Cayols et sur Fabrégoules où ils font 128 prisonniers allemands. Durant cette journée, le Il° bataillon du 7° RTA crapahute au même rythme que les goumiers par le Pilon du Roi. Même harnachement, mêmes ordres, mêmes motifs, même garrigue, même soleil, même volonté. Du côté de la Destrousse, de Peypin et de Cadolive, les blindés de la 1ère DB inquiètent l'ennemi.
Le 23 août malgré les succès du 2° Tabor à Fabregoule et la progression vers l'Etoile, le Il°/7° RTA et le IIl°/7° RTA sont stoppés au Nord et à l'Est de Marseille. Dans la soirée, enfin, le carrefour de la Gavotte à Saint-Antoine est atteint et les Tirailleurs arrivent à la Viste par l'Hermitage, via le Vallon des Tuves.
Le 24 août les pertes ont été sérieuses chez les Marocains et le 7° RTA (18 morts dans la journée).
Le 25 août Notre-Dame-de-la-Garde est enlevée ! Plus qu'une victoire, c'est un événement capital pour le moral des troupes. Symbole, plus que réel bastion.
Le 26 août le 65° Goum poursuit l'encerclement du quartier de "Tante Rose". Cette journée est marquée d'un acte qui pourra surprendre : alors que les troupes d’occupation se battent comme des enragées contre les Marocains, les Allemands demandent du secours pour leurs blessés qu'ils ne peuvent soigner. On leur envoie une ambulance pour ramener peu à peu 25 hommes qui seront soignés par les médecins français !
Le 27 août le Fort Saint-Nicolas se rend vers 5 heures du soir. Une suspension d'armes est demandée par le Général SCHAEFER que le Général de MONSABERT accorde jusqu'au 28 au matin.
Le 28 août sur les hauteurs de Verduron, le Général Von HANSTEIN essaie de négocier sa capitulation. Les "Clauses de la Capitulation ont été rédigées par les Etats-Majors français. La bataille de Marseille est terminée.
-Organisation succincte des forces de Libération en 1944 :
1° Armée Française (Armée B) Général de LATTRE DE TASSIGNY : à la mobilisation en Afrique du Nord: 176 000 d'origine européenne (métropole + AFN) 233 000 d'origine Nord-Africaine. Au débarquement : 260 000 hommes
Pour la bataille de Marseille nous trouvons :
Dans la 3e DIA :
- le 7° RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens) - Colonel CHAPPUIS
- le Il /3e RTA (1e Bataillon du 3° RTA) le 3e RTA étant sous les ordres du Colonel de LINARES
- le 3e RSA (Régiment de Spahis Algériens) - Colonel BONJOUR
- le 7° RCA (Régiment de Chasseurs d'Afrique)
- le 1e GTM - Colonel LEBLANC
- le 2° GTM - Colonel de LATOUR
- le 3e GTM - Colonel du BIEST - Général GUILLAUME
- les 2° et 4° escadrons du 2e Régiment de Cuirassiers Colonel DUROSOY (du "CC1" du Général SUDRE)
Dans la 1e DB (Colonel du VIGIER) :
- le "CC1" - Général SUDRE (moins les deux escadrons ci-dessus)
- le "CC2" - Colonel KIENTZ
- le 2° RSA (Régiment de Spahis Algériens) sous les ordres du Lieutenant-colonel LECOQ
Bilans (très incomplets) pour les quartiers de Marseille. Morts et blessés.
D'après le Service Historique de l'Armée de Terre, le nombre de tués du 22 au 29 août 1944 :
-les pertes allemandes sont estimées au 1/4 des effectifs (5 500 pour la bataille de Marseille).
-sur les mêmes bases statistiques, on compte 1 000 morts pour la 3e DIA et 500 pour les GTM.
Par exemple, durant les seuls combats de Foresta il y a eu : pour le bataillon du 7° RTA : 23 morts dont 21 Algériens. Pour le 1e GTM : 32 morts dont 27 Marocains. Si l'on ajoute les pertes des forces blindées sur Verduron, le nombre de morts doit avoisiner un total de 60. Quant aux blessés, ils ont été de 400.
Voici ci-dessous les noms des pertes de la 5° Compagnie du 2° Bataillon du 7° Tirailleur Algérien durant les journées des 23, 24, 25 août 1944 à Foresta d'après le journal de marche de la compagnie (document officiel). Les pertes totales ont été : 11 tués, 54 blessés, total 65, sur un effectif de 108 hommes.
-TUÉS
SAADI Boudjema
KRELLADI Mohamed
ZIANI Terfoya
BOUZIANE Slimane
DIEZIRA Mohamed
BENNALER Tayeb
Sergents :
SIMON André
MOTZ Henri
BERGERET Eloi
DEPRIESTER Henri
DIEBAILI Mohamed
-BLESSÉS
-le 23 août
Capitaine ROUSSE Henri
Sergent GAUDIN Fernand
BOUADJOU Mohamed
KHALFALLA Lakdar
BOUCHAREB Aissa
KAOULA Amar
ALI Ben Brahim
BORDIEM Tahar
MADANI Ahmed
BENKOBI Ahmed
BOULDIEDRI Ali
ZIDANI Ahmed
MEDKOURI Amara
NEMIRI Bouguena
BENHALIMA Rabah
-le 24 août
PAOLI Pompée
MARINI Louis
BENAVIDES Joseph
KARAI Noui
BOUAINE Amar
HEMAT Said
BENMECHARIA Messaoud
LAIDI Salah
BAKLOULI Ahmed
LITTIM Boudjema
KHEMICHE Sassi
MESSAOUDI Amar
TABABOUCHET Messaoud
CHERIH Chaib
MAMDA Abdallah
BOUALEM Mohamed
GUEDOUZ Abdelkader
HELLAL Said
OUANASSI Abdessdem
BOUMNZA Ahmed
YOUNSI Amar
MOUSSA Ben Mohamed
BENKMEROUF Ahmed
ALLALA Ben M'Barek
IMANI Moussa
RAHMANI Belkacem
YOUSFI Abdelkader
MABROUK Ben Miloud
HARBI Rebah
BOUNAAS Derralji
-le 25 août
BENHORSI Chebili
MAMAI Tayeb
MIZAB Ahmed
GASMI Salak
DJEMAR Ahmed
BOUTERMA Saleh
FOUGHAL Rabh
DEHOUB Ahmed
ELKFIF Miloud
-dessin de J.B Deschamps qui avait vécu la libération de Marseille: