Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Du chant à Napoléon dans le roman national j’entends la narration
Faite des plumes historiques qui fournissent les ailes de l’Aiglon
au bien portant de tant de mystifications
Bonnes à marier la Nation à Napoléon,
Roi ne se suffisait pas pour illuminer comme il se doit
Le pays qu’à son peuple régicide il confisqua
Empereur il se fit et de sang bleu il s’inventa
Faisant du pas des hommes le pas des canons au nom de ses exploits,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
En 1794 l’esclavage des Noirs fut aboli par la Convention,
Mais sous l’emprise des colons était restée muette cette abolition
Sauf en Guadeloupe comme à Saint-Domingue où sans concessions
Peuples et officiers Noirs résistaient à sa condamnation,
En 1802 l’esclavage fut rétablit d’un décret par la griffe de Napoléon,
Il relança les esclavagistes Blancs dans leurs élans
À resserrer les entraves de ces hommes femmes et enfants
À jouer du fouet sous la bénédiction du curé
D’un régime assassin par le Code Noir légiféré,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
D’Afrique, relâchée mais jamais cessée, rebondit la déportation
Pour ces hommes, femmes et enfants, Noirs sous son talon
Dans ces crimes Napoléon trouva son grand frisson
À l’envers du frisson des esclaves dans les lames de ses exactions
De l’esclavage et du rapport des colonies un français sur dix vivait
Le rétablissement de l’empire colonial aux Amériques Napoléon en rêvait
Pour pervertir le Monde à ses principes moquant diplomatie et droit bafoués
Comme l’économie confondue au trafic d’esclaves qu’il accélérait,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
A Saint Domingue il établit lois raciales et camps de concentration
En Guyane son émissaire Victor Hugues se chargea de sa généralisation
Même les affranchis en toutes îles retrouvèrent de l’esclavage les dispositions
Il laissait les ventres vides il remplissait les prisons
Pour les Noirs point de code civil ni autres formes de raison,
En Martinique depuis 1794 les colons faisaient allégeance à la royauté anglaise
Pour échapper à l’abolition de l’esclavage que la France préparait face aux révoltes Noires antillaises,
Mais Napoléon marié à Joséphine de Beauharnais ramena la Martinique sous domination française
Cette fille de planteur tira à nouveau profit des plantations martiniquaises,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Dans ses guerres la ligne de couleur fut sa ligne de front
Mais en Guadeloupe son Général Lacrosse envoyé pour rétablir l’ordre des colons
Fût arrêté par les soldats guadeloupéens qui maintenaient ferme de l’esclavage l’abolition,
Ils installèrent le Conseil de Gouvernement Guadeloupéen en légitime succession,
Le Général Richepanse lui succéda par ses meurtrières expéditions
Elles trouvèrent la résistance guadeloupéenne du Commandant Delgrès, d’Ignace et de ses compagnons
Alors par le monstre esclavagiste cernés, de la Guadeloupe ils assurèrent le renom
En se donnant la mort groupés pour échapper à leur soumission,
« Vivre libres ou mourir » ils gardèrent l’honneur de leur sédition,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
À Saint Domingue les armées de Napoléon Toussaint Louverture brava
Avec cent de ses proches de leur déportation il le paya
Et au Fort de Joux incarcéré dans le gel il se trouva,
Tandis que pour être un Monde sur la mappemonde Napoléon
Renommait en Île Bonaparte l’Île Bourbon,
Dans les cales des bateaux ordre fut donné à ses divisions
Par dizaine de milliers d’hommes, de gazer la population
D’oxyde son arme chimique, sa sulfureuse invention
Pour l’exemple, dont à Saint Domingue il décourageait des sillons
Où attendaient chiens dressés à dévorer l’Homme, quand Noir il était trublion
De Rochambeau se riait que pour ses centaines de dogues chez les colons
Des nègres à manger économisait la dépense des rations,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Vers Brest et la Corse il fit déporter sur ses galères
Opposants, intellectuels, gradés, parlementaires
Ruinant Saint Domingue des plus forts en liberté
Anéantis, chaînes aux pieds, sous ses funestes nervosités,
Tandis-que Napoléon vidait mers et océans pour sa nation impériale
En Corse ces déportés creusaient des routes pour faire l’ île continentale,
Ils avaient voulu en finir de la colonie sous régime d’exception
Et pour cela furent capables de toutes les insurrections
Sous les tortures et brûlures des coups et injures de ses escadrons,
Mais de maîtres à fouets en maîtres à couteaux leur sort fit leur cordon
Ombilical dans leur plus-que-servile condition,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Il y eût les femmes Noires et jeunes qui subirent ses pulsions
Jaillies des sombres profondeurs de sa détestation
qui n’eût d’égale que sa sexuelle domination
D’Esther Vesey il récusa la paternité de sa procréation,
D’un trait et de colère en mars 1815 il signa l’abolition de la traite d’un décret
Omettant la loi et sans portée juridique point d’effets,
Pour jouir de punir les marchands esclavagistes qui en 1814 en royalistes patentés
S’étaient réjouis de sa chute, oublieux du rétablissement de l’esclavage qu’ils lui devaient,
Mais vaine vengeance, du papier, par le blocus continental la navigation était empêchée,
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Archétype des Blancs qui s’approprièrent les corps Noirs
Loin de lui suffire au tranchant de l’épée il s’accapara leur histoire
Fallait-il qu’en civilisateur patenté lui manquât un héritage
Pour aller en Égypte faire Blanche la civilisation Noire,
Savants et artistes du convoi armés de techniques
Transformèrent en filiation caucasienne la civilisation pharaonique,
Il encouragea l’égyptologie à ces fins antithétiques
Et la route des Indes contrôla ayant fait France de l’Égypte,
Au centre de Paris il planta son cadeau sultanesque l’Obélisque
Faisant ainsi foi au peuple de sa puissance phallique.
Rendons à Napoléon ce qui est à Napoléon !
Cathy Liminana Dembélé