Le collectif Kanak et Océanien « Festin Commun » a besoin de soutien pour préparer la suite : un festival en Nouvelle Calédonie, pour imaginer l’avenir en commun.

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« l'identité est toujours devant nous »
Jean-Marie Tjibaou
UN FESTIVAL KALEDONIA SUR LES TERRES DU LARZAC
Le 26 septembre dernier s’est refermée la 1° édition du festival Kaledonia sur les terres symboliques du Larzac, et les impressions sont toujours vives. 5 jours de concerts, de débats, de transmission, de festin...
Le choix du Larzac ne fut pas un hasard ; il y a près de 40 ans, ces paysans en lutte avait tissé des liens forts avec les indépendantistes Kanak, en leur offrant une aide juridique ainsi que des techniques d'actions non-violentes. En hommage à ces liens des paysans ont offert un petit bout de terre au peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie, sur laquelle repose une cazelle en pierre sèche. Un petit bout de Kanaky sur les terres du Larzac !
Qui se rappelle de cette lutte sanglante opposant un petit peuple autochtone d'Océanie contre le Goliath français ? qui s'était soldée par des accords dit de Matignon, puis de Nouméa, offrant la possibilité d'un processus de décolonisation pour la Nouvelle-Calédonie, avec trois referendums pour ou contre l'indépendance. Le premier en 2018, avait donné 43%, et le second 48%, en faveur du OUI. Avec ces résultats encourageants, le principe du gel électoral en faveur des autochtones, une image de la France de plus en plus ternie par un racisme débridé, une destruction toujours plus cruelle de l'environnement due à l'industrie du nickel ; tout semblait mener à une possible victoire du oui à l'indépendance pour le troisième référendum prévu en 2022.
Mais c'était sans compter sur la stratégie retorse de la France qui insista pour avancer d'un an le troisième referendum afin de gagner du temps sur l'accession au vote des jeunes kanak arrivant à 18 ans et profiter de la crise sanitaire qui s'abattait précisément à ce moment-là pour interdire aux gens de se voir et de militer, le tout sur fond de mortalité brutale de personnes âgées kanak. Or, chez les Kanak, un seul deuil équivaut à un mois de mobilisation coutumière. Les partis indépendantistes ont donc demandé le report du référendum, afin de permettre aux familles de vivre correctement leur deuil, mais l’État français a refusé. Un boycott massif mena alors à ce résultat ubuesque : 97% de NON à l'indépendance, repris par les médias français comme une « victoire pour la démocratie »...
UN FESTIVAL ET UN FESTIN
Trois mois avant ce désastre, le festival KALEDONIA s’adressait aux calédoniens de France, aux amis et aux passionnés de l'Océanie. Nous y avons abordé des thématiques cruciales (écologie, émancipation des peuples, droit des femmes, droit artistique et culturel, et la lutte non-violente). Tel est l'objectif du collectif Festin Commun composé de calédoniens étudiant ou travaillant en France : créer des espaces de rencontres « pacifiques », où l'enjeu n'est plus de convaincre ou d'avoir raison mais d'écouter les autres, d'écouter la société dans son ensemble, de faire Festin et Commun.
LA SUITE DE NOS ACTIONS
Nous ne sommes pas nombreux à proposer des espaces de rencontres au-delà des chapelles, des couleurs de peau, des partis politiques, dans une Nouvelle-Calédonie divisée et en proie à un racisme que l'on pensait disparu. C'est pourquoi est venu le moment de la restitution de notre travail au Pays, en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
Armés d'un livre racontant les péripéties et les débats suscités de la création à l'aboutissement du festival Kaledonia, d'une exposition mobile, et d'un programme de résidence artistico-politique à travers tout le pays, le collectif Festin Commun s'engage à mobiliser les calédoniens de tous bords et à interpeller le gouvernement afin de créer un festival multi-culturel. Pour essayer de soigner les plaies ouvertes par 5 ans de politiques référendaires qui auront exacerbé toutes les tensions. Pour s'écouter, d'abord, échanger ensuite, et co-imaginer un avenir désirable et durable en Nouvelle-Calédonie. L'industrie minière qui détruit l'environnement afin de fournir au monde entier des téléphones portables et des armes est à remettre en question, la violence faite aux femmes est insupportable, la surconsommation d'alcool est à critiquer, l'art et les artistes sont à remettre à leur juste place. Durant le festival des habitants du Larzac s'étonnaient que la question du vote ne soit jamais abordée, un mama (un « grand frère » en langue Drehu) avait alors répondu: « on ne parle que de ça depuis des années au pays, mais quand est-ce qu'on pose les bonnes questions ? ».
VERS UN NOUVEAU FESTIVAL EN CALÉDONIE ?
Quelques semaines après l'échec du dernier referendum, le président du gouvernement local actuel, Louis Mapou (indépendantiste), a évoqué la possibilité d'un festival « Caledonia », à la dimension multiculturelle, afin de proposer des espaces de débats pacifiés pour réfléchir en commun à l'avenir du Pays.
C'est aussi pour cette raison que le collectif Festin Commun s'engage, en toute humilité et avec l'esprit des anciens, à rendre compte, et pourquoi pas, inspirer, et surtout encourager le pays à produire un festival Caledonia, autour d'un festin culinaire et artistique.
Vous pouvez soutenir nos actions en retrouvant un appel à don ici :
https://www.helloasso.com/associations/metis%20kanak/collectes/festin-comm-un-retour-au-pays
Par le collectif Festin Commun.
Pour en savoir plus sur les enjeux politiques : le film Nation.s, de Hélène Magne et Florent Tillon (https://vimeo.com/303548426 )

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