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Billet de blog 7 avril 2008

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Sarkozy everywhere

La lecture des nuages de tags sur les rubriques de Mediapart est accablante. Dans les 4 rubriques, un seul mot apparaît en grand format: Sarkozy. Viennent ensuite les variations sur cette «thèmatique» écrasante: Etats-Unis, Internet, Police, Journalisme, etc. Mais le constat est là, froid, chiffré, brutal: Nicolas Sarkozy est l'unique objet de notre ressentiment («Sarkozy qui nous a vu naître et que notre cœur adore!», disait à peu près Corneille, dans son Horace). Bref, il semblerait que l'on soit loin du projet de départ qui se proposait d'échapper à la fascination qu'exerce le chef de l'Etat sur l'ensemble des médias (espérons que nous en disons autre chose).

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La lecture des nuages de tags sur les rubriques de Mediapart est accablante. Dans les 4 rubriques, un seul mot apparaît en grand format: Sarkozy. Viennent ensuite les variations sur cette «thèmatique» écrasante: Etats-Unis, Internet, Police, Journalisme, etc. Mais le constat est là, froid, chiffré, brutal: Nicolas Sarkozy est l'unique objet de notre ressentiment («Sarkozy qui nous a vu naître et que notre cœur adore!», disait à peu près Corneille, dans son Horace). Bref, il semblerait que l'on soit loin du projet de départ qui se proposait d'échapper à la fascination qu'exerce le chef de l'Etat sur l'ensemble des médias (espérons que nous en disons autre chose).

Etrange exercice de transparence, d'ailleurs, que cette façon d'afficher la fréquence de ce dont on parle. Il n'est pas certain que le site Web du Monde, lorsqu'il a lancé le post, s'attendait à devenir le site de réfence sur la Star Academy, les sujets sexys ou la console de jeux wii.

Quand l'équipe de Netscouade a poussé pour que ce nuage apparaisse en bonne place sur chacune des pages de rubrique, elle a usé d'un argument définitif et sans appel: c'est ainsi que les «jeunes» naviguent; ils ne pensent plus en rubriques traditionnelles; ils décloisonnent et virevoltent d'un sujet à la l'autre. Il est vrai que la presse française a, plus que toute autre, tendance à compartimenter les sujets en dossiers, sous-dossiers et sous-sous-dossiers. Et il suffit d'ouvrir la presse européenne pour constater qu'un rangement plus lâche permet beaucoup plus de souplesse: des nouvelles locales (at home), internationales (abroad), un peu d'économie (business) et de football (sport) font souvent office de chemin de fer à tout faire.

Faut-il pour autant s'en remettre à un classement supposé être sans préjugé, constitué puis arasé par la communauté? Faut-il croire que cette utilisation générique par d'hypothétiques «jeunes» renverse effectivement la façon de catégoriser et donc d'envisager l'information?

Voici comment moi, qui ne suis plus si jeune, j'utilise les tags:

1. Je ne regarde jamais les nuages de tags, parce que je me moque de savoir ce qu'a choisi d'étiqueter un échantillon non représentatif d'internautes;

2. Quand je lis un article sur un sujet qui m'intéresse, j'essaie de trouver le tag correspondant pour en tirer un flux RSS afin de recevoir automatiquement les futurs articles publiés sur le sujet sans avoir à surveiller à l'avenir le site Web;

3. Accessoirement, je peux trouver dans les tags associés des pistes pour élargir une recherche. Mais paradoxalement, l'information est d'autant plus intéressante qu'elle est minoritaire et donc représentée par un mot écrit en petit: savoir que le tag Nicolas Sarkozy est associé au tag Carla Bruni est d'un intérêt limité; en revanche, le trouver associé à, disons, Liechtenstein, peut se révéler beaucoup plus intéressant (disclaimer: cet exemple est purement fictif: Nicolas Sarkozy n'a pas de compte secret au Liechtenstein).

Et vous, voyez-vous d'autres cas dans lesquels les tags peuvent permettre une meilleure circulation de l'information/dans l'information?