Contre le racisme d’Etat et sa caisse de résonance néovichyste, affirmons l’égalité entre tous les habitants de ce pays !
La politique parlementaire française a toujours été raciste. Même dans les moments dont la gauche et le Parti communiste tirent leur légende comme par exemple le Front populaire, le racisme n’a jamais été dénoncé ni combattu de façon conséquente. Au moment des réformes sociales, audacieuses pour certaines, de l’été 1936, jamais le consensus colonial et raciste n’a été remis en cause. Aucune loi raciste n’a été abolie et l’empire colonial français n’a jamais été questionné, sinon par des individualités en marge des grands partis de gauche ou de plus petites organisations.
Cette politique persiste aujourd’hui. Ainsi, derrière les DOM-TOM demeure le fait colonial. On l’a vu ces dernières semaines en Guadeloupe et en Kanaky. L’île antillaise a été et demeure paupérisée, les droits et les coutumes du peuple kanak demeurent niés : il faut appeler un chat un chat et une colonie, une colonie. C’est aussi parce qu’elle a été et demeure un pays colonial que la France a été et demeure un pays raciste, persuadé de sa supériorité culturelle et politique.
Bien sûr, on peut avoir l’impression que le discours horrifié et brutal sur « l’immigration », vient d’abord de l’extrême-droite. Mais il est aujourd’hui plus que jamais consensuel. En 1985, la « une » du Figaro-magazine qui demandait si nous serions « encore français » avait suscité des réprobations ; force est de constater que 30 ans plus tard, son obsession biologique est partagée jusqu’au plus haut sommet de l’État. Cette « une » annonçait de fait la thématique du « grand remplacement », thématique directement héritée et réactivée des nazis, qui énonce le supposé remplacement des sujets de la blanchité par le flot multinational des mouvements du monde réel.
Or face à cette pseudo théorie, la réaction est molle parce que ce fantasme réactive des images, des désirs et des peurs jamais complètement éradiquées par la république. Quand Macron dit ne pas croire « au grand remplacement », il ne réfute pas ce terme. Il juge seulement qu’on n’y est pas, ou pas encore. La thématique du grand-remplacement fait suite, en l’aggravant en quelque sorte, aux motifs du racisme d’Etat depuis plus de 35 ans avec, depuis les grèves ouvrières arabes de l’automobile peu après l’arrivée du PS au pouvoir, les prétendus « problème de l’immigration », « problème de l’intégration », « problème avec l’islam », « problème avec le voile », etc.
Ainsi, puisque le racisme d’Etat, comme l’expression elle-même l’indique, est consensuel, si nous voulons affirmer et déployer de façon conséquente une politique anti-raciste (ou un anti-racisme politique), il faut affronter ce consensus raciste parlementaire sans se contenter de manifester contre l’extrême-droite (ou les « politiques d’exclusion »). Parler seulement contre une politique, contre l’extrême-droite qui n’est que l’excroissance d’un consensus qui fonce vers le pire, ne constitue pas une alternative politique ni une conception neuve de la question nationale. Pour rompre l’encerclement et l’isolement, affirmer d’autres principes contre le racisme et l’impérialisme est plus que jamais nécessaire.
Il faut poser autre chose au nom de l’égalité et de la justice, au nom même de l’histoire d’un pays colonial, la France, qui a des comptes à rendre, y compris pour pouvoir se regarder dans une glace. Il nous faut donc affirmer avec force :
1) Qu’il n’y a pas de problème immigré contrairement aux affirmations consensuelles de l’Etat.
2) Qu’il n’y a pas non plus de problème « avec l’islam » ou de problème « islamique ».
3) Que les pays ne meurent pas, qu’ils ont une histoire et que leurs évolutions sont après tout le signe de leur vitalité.
La thématique de la mort de la France, particulièrement audible chez Zemmour et ses soutiens, est purement fasciste. On la retrouve dans Gilles de Drieu la Rochelle mais aussi chez les nazis. Le pays se compose de tous ceux qui y vivent et en inventent l’histoire.
Affirmant tout cela, un combat politique prolongé contre le consensus raciste d’Etat est possible. Rompre les amarres avec le monde blanc ancien est une impérieuse nécessité. Sans rejet profond de ces thématiques et sans affirmation en rupture avec elles, alors les manifestations anti-racistes et/ou contre l’extrême-droite resteront vaines et, on le constate hélas déjà aujourd’hui, se réduiront à peau de chagrin.