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Billet de blog 9 février 2009

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Blossom Dearie, plus je me souviens…

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Des cheveux plus que blonds, un envoûtant regard de myope habillé de lunettes papillon, des lèvres maquillées de Rouge baiser, un twin-set jaune mais élégant, une jupe plissée, des ballerines: Blossom Dearie aurait incarné à merveille le personnage de Mademoiselle Jeanne, la secrétaire énamourée que Gaston Lagaffe courtise dans les couloirs du journal de Spirou entre deux notes de Gaffophone et une gorgée de quintescence d’arôme. Seulement voilà, Blossom Dearie ne tapait pas à la machine, elle jouait du piano – plutôt très bien – et elle chantait – d’une voix sensuelle, inoubliable.

Illustration 1

Après des études de musique classique, c’est vers le jazz qu’elle se tourne alternant au grè de ses engagements, de ses amours et de ses déménagements le piano et le chant avant, c’était fatal, de chanter en s’accompagnant au piano.


A New York, où elle débute dans les années 40, elle donne de la voix avec les «The Blue Flame» plus le «The Blue Ray». A Paris, où elle rencontre puis épouse le méconnu saxophoniste belge Bobby Jaspar, par ailleurs as de la flûte (ils divorceront quelques années plus tard), elle enregistre son premier disque, au piano, seule. De retour aux Etats-Unis, elle rejoint Verve, puis Capitol, labels d’excellence. Pour ces deux écuries, elle gravera sept disques piano-chant dont le plus réussi «May I come in ?» lui permettra de s’inscrire au programme des clubs les plus huppés de Big Apple.


Dans les années 60, elle saura séduire définitivement le public européen à la faveur d’un passage au Ronnie Scott de Londres et de quatre enregistrements chez les Anglais de Fontana. Mais très soucieuse de sa liberté de femme et d’artiste, elle décide de créer sa propre maison de disque – Daffodil records –, ce qui était plutôt audacieux à l’époque.

Illustration 2


Bob Dorough, le discret Lyle Lovett et la généreuse Kylie Minogue se réclament, à l’occasion, de son influence. C’est dire si le timbre de sa voix et son art du clavier (on pense parfois Chet Baker pour la fragilité et à Jimmy Rowles, accompagnateur magique des plus grands – Marilyn Monroe, Ella Fitzgerald, Stan Getz, etc. – pour la distinction) ont su abolir les frontières et s’imposer par l’émotion.
Blossom Dearie s’est éteinte, samedi 7 février, à New York. Elle avait 82 ans. Alors avant que le temps passe et les souvenirs avec, écoutez-la encore une fois chanter, en français, «Plus je t’embrasse…». L’album s’appelle Diva. Souriez, vous êtes bien.
Pour en savoir un peu plus, on peut consulter Voices, le forum dédié aux Voix du Jazz à cette adresse.

La discographie complête de Blossom Dearie est disponible à cette adresse.