J'étais au Danemark en train de jouer du saxophone à des chevaux (loin de chez moi j'ai du mal à trouver des terrains d'entraînement musical, cela m'a amené à des solutions atypiques) quand j'ai appris le décès de Joao Donato.
Joao Donato est un formidable musicien brésilien, pianiste, compositeur. C'est un des précurseur de la bossa nova mais il a également contribué au style de musique brésilienne qui a suivie, la MPB (musique populaire brésilienne).
Mais il est surtout connu pour ses réalisations dans le jazz brésilien après un long séjour aux États-Unis où il a joué avec , Herbie Mann, Chet Baker, Cal Tjader, Bud Shank, entre autres et servi un jazz funk avec une grande influence du latin jazz.
Mais on va rester au premier style qui l'a fait connaître. C'est que si on connaît ici la bossa nova on ne connaît pas vraiment toute la richesse de ses artistes
Joao Donato est loin de s'être limité a la bossa nova, il est resté inventif jusqu'à la fin dans de multiples styles mais commençons par un de ses premiers succès "minha saudade" écrit avec Joao Gilberto
Un autre des succès en 1962 : "sambou sambou"
un autre succés écrit avec Gilberto Gio "Bannanera"
Et pour finir, quelque chose de plus "jazz latin" : the Frog
C'est en recherchant les participations de Joao Donato à la bossa nova que j'ai décidé de faire découvrir toute la richesse de ce style. C'est qu'on ne connaît que quelques artistes via leur reprise par des jazzmans des usa. Tom Jobim ou Joao Gilberto sont bourré de talent même si ils sont surtout connu ici à partir de leur intégration dans des travaux made in usa, en particulier les disques de Stan Getz qui ont été de formidables succés populaires, mais d’autres artistes gagneraient à être connus : c'est un peu l'objectif de ce billet

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Revenons sur ce bouillonnement qui a donné lieu à la bossa nova. Cette volonté de "moderniser" la musique brésilienne est inséparable d'une certaine période de "progrès" du brésil et d'enthousiasme représenté par le président de la république brésilienne à cette période, Juscelino Kubitschek. Évidemment, cet enthousiasme a ses limites, celle d'une certaine bourgeoisie "carioca" (de rio de janero) vivant dans un monde "confortable" si on se représente la situation des couches populaires du brésil. La bossa nova n'est pas une "musique engagée" contrairement à certaines œuvres de la MPB (du coté de caetano Veloso ou de Chico Buraque, tous deux contraints a l'exil par la dictature militaire qui va succéder à cette période)mais elle refléte un certain "art de vivre". Cet art de vivre est formidablement résumé par la première chanson Bossa Nova "Chega de saudade" interprétée par Eliseth Cardoso (puis formidablement par Joao Gilberto dans son album éponyme) : "Marre de la tristesse" signifie le début de cette riche période musicale
L'origine de la bossa peut etre résumé a la réunion qui rassemblait poétes et musicien dans la maison de Nara Léao avec Antonio Carlos (Tom) Jobim et Joao Gilberto, mais aussi Carlos Lyra, Roberto Menescal ou Sylva Telles.
C'est sur ces musiciens que je voudrais revenir. Commençons par le premier d'entre eux, Carlos Lyra. Celui ci composa plusieurs "classiques" de la bossa nova, et est aussi connu comme le premier compositeur du premier disque de Joao Gilberto qui est donné comme "l'origine de la bossa nova" Mais c'est un morceau peut etre moins connu qui selon moi montre le talent de l'auteur compositeur :
Carlos Lyra influencia do jazz
La "chanteuse de la Bossa Nova n'était pas Astrud Gilberto, mais Nara Leao. C'est elle alors adolescente qui réunissait dans sa grande maison bourgeoise toute la "créme de la bossa nova". Elle chantait elle même, en particulier sa chanson fétiche "O Barquino". Dans cette sélection, elle interpréte également un autre grand succés "o pato" ainsi que "manha de Carnaval" surtout connu comme théme principal du film "Orfeo Negro"
Nara Léao est malheureusement décédé prématurément d'un cancer du cerveau à 47 ans
Nara Leao et Roberto Menescal : o barquino, o pato et manha de carnaval
on peut également écouter une interprétation plus "moderne" d'"O Barquino" par Analu Sampaio et Roberto Menescal. AnaLu Sampaio est une jeune chanteuse de Baia, bourrée de talent !
on continuera avec Sylvia Telles interprétant "Vocé". Sylvia Telles, aussi surnomée "Sylviana" fut aussi une interpréte bourrée de talent, elle aussi disparue prématurément à 31 ans lors d'un accident d'automobile
Et on terminera par la fille de Joao Gilberto, Bebel Gilberto, qui rend un émouvant hommage à son pére. Sa reprise de "E préciso perdoar" est à se rouler par terre. Mais l'ensemble du disque est à écouter : à se procurer d'urgence !
Evidemment, il reste beaucoup d'autres artistes à connaître. Les suggestions sont les bienvenues !