Une polémique éclate lors de la session de l’APN à Pékin
Lundi dernier (le 10 mars), lors d’un meeting dans le cadre de la session annuelle de l’APN, en espérant boucher les trous financiers creusés par l’élargissement ou la fusion des facultés depuis la décennie, Gu Lianghai, délégué de l’institution législative, premier secrétaire du comité du PCC (parti communiste chinois) de l’Université de Wuhan a proposé de recruter des élèves qui ont raté le concours d’entrée à l’université et qui ont moyen et envie de payer cher pour bénéficier des études supérieures, qui restent accessible depuis longtemps à un faible pourcentage du nombre des candidats. Des chiffres de 2006, le nombre des candidats : 9,303,000, le pourcentage des admissibles : 62%. (source: le site de l'éducation nationale supérieure) Selon Gu, donner le feu vert aux lycéens qui peuvent payer cher en échange d’une chance d’aller à l’université n’est pas du tout une honte, l’argument vient de l’expérience du numéro un dans l’éducation supérieure- Harvard University ( aux Etats-Unis).
Pas comme en France, les jeunes diplômés de bac peuvent théoriquement s’inscrire à n’importe quel université qu’ils veulent, sans passer des examens. En Chine, on a un système de sélection très sévère, un peu comme le concours d’entrée des grandes écoles, à cause de la faible capacité d’accueil des universités par rapport au grand nombre des candidats. Ceux qui ont envie d’entrer à la faculté doivent avoir une note minimum, décidée par le ministère de l’éducation supérieur du pays selon les niveaux éducatifs de différents régions. Sinon, aucune université ne peut ouvrir sa porte pour ceux qui ont raté, même s’ils ont un point de moins. Il existe une possibilité de payer plus de l’argent pour rattraper les points manqués, par exemple mille euro par point, mais cet échange reste toujours dans l’ombre et critiqué très fort dès qu’il est révélé. Parce que les riches pourront considérer avoir plus de chance, cela ne correspond pas à l’égalité de l’éducation, puisqu’on est dans un pays communiste...Pourquoi Gu Lianghai a lancé cet projet, qui semble déplaire à l’opinion public ?
« Depuis des années, les universités fonctionnent très dur avec un déficit de 20 milliards d’euros. » a déclaré Gu. A partir de 1999, les universités chinoises commencent à élever largement le nombre des places libres. Renouveler des équipements, recruter de nouveaux professeurs, reconquérir des nouveaux campus (pour accueillir plus d’étudiants)...tout cela a rendu le compte vert dans le rouge. Un exemple : l’université de Wuhan pour laquelle Gu travaille, a perdu plus d’un milliard d’euros en moins de dix ans, à chaque année, on doit payer 80 millions d’euros d’intérêts à la banque. Par contre, son bénéfice est loin d’être capable de remplir ce trou spectaculaire.
Même 35% des élèves de Harvard sont recrutés par signer un chèque d’une grande somme.
Le gouvernement chinois a demandé aux ambassades de Chine à l’étranger de mener une enquête sur le paiement des frais scolaires dans les université d’autres pays du monde. Selon le rapport sorti à l’issue de l’enquête, même 35% des élèves de Harvard sont recrutés par signer un chèque d’une grande somme. Gu a avancé sur ce point-là, « J’ai interrogé le président de Harvard University, est-ce que cela peut noircir l’image brillante de leur école ? il a répondu, la réputation de l’école est établie par 10% de leurs élèves. J’ai essayé de poser la question autrement, est-ce qu’ils accueillent le fils ou proches du maire de Harvard, qui ratent l’examen d’entrée et qui souhaite faire leurs études ici ? Sans une seconde d’hésitation, l’interrogé m’a dit bien sûr que oui. »
Selon Gu, Harvard n’est pas le seul qui fonctionne ainsi, pour beaucoup d’autres universités étrangères, 30% de leur financement vient des frais scolaires payés par les élèves issus de la famille aisée. Il ne reste que la Chine qui respecte strictement le critère de note. « Puisque devant la note, tout est claire. Ça pourra éviter tout genre de connerie qui gêne la justice. Accepter la fortune de quelqu’un en échange d’une place à l’université est hors de question pour l’opinion public, même si cette somme au profit des étudiants du milieu modeste.»
Les enjeux
Lors des deniers jour de la session annuelle de l’APN (qui va durer jusqu’à demain 18 mars), le propos du numéro un de l’Université de Wuhan a provoqué une large polémique dans la presse traditionnelle ainsi que sur Internet.Les enjeux restent ci-dessous :1. Il est beaucoup plus difficile d’entrer à l’université en Chine qu’en France ou dans d’autres pays. En revanche, il est beaucoup moins difficile de sortir de l’école avec un diplôme ici qu’ailleurs. A mon expérience, si tu n’as pas commis des bêtises politiquement pas correctes, ni rater au maximum 5 examens pendant 4 ans d’études, ton diplôme sera assuré. Cela veut dire qu’une fois entré à l’université, normalement tu n’a plus de souci de t’arrêter à mi-chemin. Alors payer pour entrer à l’université devient finalement une espèce de business, l’objet de cet échange n’est rien d’autre que le diplôme. Acheter le diplôme, scandaleux !!!
2. Depuis longtemps, poursuivre des études supérieures se considèrent comme le seul moyen de devenir les élites. A partir du collège, les enfants se concurrencent très fort pour entrer dans les classes avancées (conservées uniquement aux plus doués). Mais comme je vous ai dis tout à l’heure, une possibilité d’acheter une place au sein de ces classes ou même des universités est encouragée clandestinement, surtout par les parents. Donc cette possibilité fait exploser le nombre des étudiants, cela baisse la crédibilité du diplôme qu’on aura obtenu. Déjà depuis 6 ou 7 ans, le diplôme n’est plus une garantie de trouver du travail.
3. Le dernier enjeu : l’objectif de ce projet doit-il être de régler le problème financier des universités ? L’éducation supérieure est un droit, pas une sorte de l’industrie. Les universités ne peuvent pas dépendre de leurs élèves pour rester en vie. On prends toujours l’exemple de Harvard University, il est riche, évidemment, mais c’est parce qu’une grande partie de ses financements viennent de l’Etat, des entreprises privés, et des sponsors à titre personnel, ça n’a peu à voir avec ce que paient 35% des étudiants.
Une polémique peut en cacher une autre

En 2006, le porte-parole du ministère de l’éducation supérieure de Chine, Wang Xuming, a déclaré que l’éducation du pays est en bonne situation, en donnant une conclusion « l’éducation est une sorte de consommation des habits ». Le subtexte qu’il voulait faire passer est claire: les universités sont conservées aux élèves qui ont moyen de payer pour, tout comme acheter un vêtement, les gens riches achètent les vêtement plus chers, les pauvres moins chers même n’en achètent rien. A l’époque, Wang Xuming n’était pas pardonné par l’opinion public, et il était demandé de se démissionner pour ces propos scandaleux. ( En fait, ce mec-là est un vrai big mouth selon certains gens, mais il est toujours en fonction...)
L’industrialisation de l’éducation supérieure est et sera pendant longtemps un sujet chaud en Chine. Peut-être c’est une tendance dans le monde entier, ici en France, la loi Précresse peut aussi bien se considérer comme un essai dans la même direction. Mais est-ce qu’on n’a pas d’autre choix ?