Je ressens une espèce d'inquiétude depuis des jours à cause de la détérioration de la situation au Tibet. Imaginez que le nom d'un pays en paix pendant presque 20 ans est du coup mis aux côtés du Kosovo, de Gaza...toutes ces régions en conflit depuis de longues années dans les journaux étrangers. J'ai du mal à l'accepter en tant que Chinoise. Moi, en 24 ans, je n'ai jamais vu ce genre d'émeutes auparavant dans mon propre pays. Je n'ai pas de mémoire portant sur ce qui s'est passé en 1989 puisque je n'avais que cinq ans à cette époque.
C'est marrant parce que jusqu'au collège, j'ignorais l'existence de l'actuel daîla-lama. On n'a rien dit de lui dans le manuel de l'hisoire chinoise. Par consequent, pendant très longtemps j'ai confondu le rôle de daïla avec celui de penchan, et même considéré le penchan lama comme numéro un du bouddhisme tibétain, en fait il est numéro deux.
Pourquoi a-t-il plus de visibilité dans la presse locale? Parce qu'il est choisi selon l'accord entre les moines tibétains et le gouvernement chinois et qu'il vit sous surveillance de ce dernier à l'âge de 5 ans. Surtout j'ai entendu parlé que restant la plupart du temps à Pékin, il ne revient que dans son territoire lors de certain cérémonie religieuse très importante autorisée par le gouvernement central afin de faire croire au respect de la liberté de la religion.
A l'école, on ne parle que des anciens daïla-lama, qui selon des documents historiques (version officielle), ont contribué plus ou moins à l'unification du pays et se contentaient de rester dans le territoire de l'empire du milieu sour forme de l'autonomie. Justement, on insiste davantage sur la fusion ethnique. Je me souviens très bien qu'à chaque fois on a eu l'examen de l'histoire chinoise, la question "combien de fusions ethniques sont apparues? Quand et pourquoi?"semblait inévitable.
C'est probablement pour cette cause, on a choisis de censurer complètement l'actuel daïla- lama dans l'éducation. Bien sûr, les Chinois le considèrent comme dissident en permanence, et ne cachent pas leur sentiment d'être blessés par la décision du comité du prix Nobel en 1989(cette année-là, le daïla-lama a reçu le prix Nobel de la paix). L'année dernière, beaucoup de gens que je connaissais ont reproché fortement son passage (aux Etats-Unis) autorisé par la Maison blanche et un nouvelle vague anti-américaine s'est répandue rapidement dans le pays, surtout chez les jeunes.
Bien évidemment, on ne peut pas sous estimer le rôle que la presse locale joue dans tous ces évenements ( en Chine ainsi qu'ailleurs). Dans les pays occidentaux, la crédibilité de la presse est progressivement en chute, c'est pas du tout le même cas en Chine. Les gens croient à ce qu'on écrit dans les journaux, ce dont on parle à la télé, des fois, la presse peut bien dominer l'opinion publique. Par exemple, sur CCTV (la télévison centrale de Chine), on ne montre que les images dans lesquelles les Tibétains brûlent des magasins, des banques, les affrontements violents entre eux et l'armée ont disparu.