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"La grande menace d’une prise de pouvoir extrémiste pour détricoter 70 ans d’efforts semble écartée. Non pas qu’avec les 172 sièges des députés populistes leur puissance de nuire ne soit pas réelle, mais leur idéologie ultra-nationaliste les ligote et empêche toute entente. Seul le rejet des migrants les unit. Mais aucun d’eux ne parle plus de quitter l’Union. On le doit au Brexit, drame qui n’a pas fini d’ébranler le Royaume de sa gracieuse Majesté et de secouer l’Europe. Conséquence de mensonges et d’incompréhension du projet politique européen, le retrait du Royaume Uni devrait permettre à l’UE de se dégager de la dérive ultra libérale, fruit de l’influence britannique.
Volonté et diplomatie
Le résultat des élections européennes n’était pas assez clair pour dégager une majorité. Il a fallu beaucoup de volonté et de diplomatie pour essayer de sortir d’un conservatisme libéral figé.
Le choix de la nouvelle Commission a été l’objet de toutes les attentions. En effet, les espoirs de relance d’Emmanuel Macron s’était heurté au scepticisme et à l’immobilisme allemand. Comment ne pas froisser la susceptibilité de la Grande Dame et empêcher le conservateur Manfred Weber, opposé à toute avancée, de prendre les rênes de l’Europe ?
Après l’éviction de plusieurs candidats, l’idée est venue de proposer à Angela Merkel, Ursula von der Leyen, francophile et fédéraliste convaincue. C’était l’occasion d’offrir la présidence de la Commission à l’Allemagne qui n’avait plus occupé ce poste depuis 50 ans.
Il ne s’agissait pas de relâcher l’attention pour les postes clefs. La directrice générale du FMI - Fonds Monétaire International - la Française Christine Lagarde prend la tête de la BCE - Banque Centrale Européenne. Le ministre des Affaires étrangères espagnol Josep Borell, socialiste et ancien Président du Parlement européen devient Haut Représentant du Service Européen des Affaires extérieures (SEAE) c’est à dire de la diplomatie européenne. Francophile il est aussi persuadé de la nécessité d’une force militaire pour l’Europe. Charles Michels ex-premier ministre belge, rompu aux tensions intercommunautaires, parait qualifié pour coordonner les travaux du Conseil européen, l’institution décisionnelle européenne qui représente les intérêts souvent contradictoires des Etats.
Une nouvelle ambition pour l'Europe
Avec cette composition est-on sorti de l’emprise anglo-saxonne ? Le combat est engagé. La crise de la nomination de Sylvie Goulard en qualité de Commissaire française à la tête d’un vaste portefeuille montre que ce qui est en cause est de savoir si on accepte le projet ambitieux du Président français à savoir de terminer le grand marché intérieur dans le respect de l’esprit communautaire.
Le programme englobe aussi la politique industrielle dont l’essor pourra contribuer à une transition écologique.
Rattraper le retard dans le domaine du numérique est également une des priorités avérée.
Enfin réaliser une industrie unifiée de la Défense et projeter dans l’espace un système de protection complète l’ampleur de la compétence de ce portefeuille réservé à la France qui ne cache pas une ambition qu’on pourrait presque qualifier de gouvernementale.
Dès la prise en fonction officielle de la nouvelle Commission le 1er novembre, l’heure de vérité sonnera : les tractations entre les Etats pour le Budget de l’UE commenceront.
Réussir un tel programme ne dépend pas seulement de « Bruxelles » mais du soutien du citoyen, un citoyen responsable de ses actes, doué d’un peu d’esprit cartésien, conscient de son histoire, du rôle de son pays dans la construction européenne et de sa place dans le monde." Monique Beltrame, Présidente du Comité européen Marseille.