Herman Cain, empêtré dans plusieurs affaires de harcèlement sexuel, a annoncé qu'il se retirait de la primaire républicaine. Misogyne, ignare (et fier de l'être), populiste... L'Amérique ne perd pas grand chose...
Non, il n'y aura pas de duel entre deux candidats noirs lors de la présidentielle américaine de 2012. Le républicain Herman Cain, ancien « parrain » de la pizza (il a dirigé la chaine de pizza « Godfather »), a décidé de jeter l'éponge après qu'une énième affaire sexuelle ait achevé de discréditer sa campagne. Remarque, le duel entre candidats noirs, Cain lui même n'y croyait pas : « Obama n'est pas un vrai candidat noir » avait-il lâché à la télévision, évoquant une « timidité », une « faiblesse » du président américain ne correspondant pas à l'image de l'homme noir viril qu'il entendait représenter.
Surtout, comme à son habitude, il agissait par sous-entendus : et oui, la mère d'Obama est blanche et son père est africain, ce qui ne ferait pas de lui un « vrai » noir aux yeux de Cain, le noir du sud, descendant d'esclaves...

On ne passera pas notre temps ici à évoquer la politique Nostradamusienne. Bien malin qui peut dire sur qui se reporteront les votes espérés d'Herman, et ce n'est pas le sujet de ce post. Par contre, il est intéressant de revenir un peu sur ce que le « Grand Old Party », comme se surnomme tout seul et un peu pompeusement le parti républicain, voire plus largement l'Amérique, perd avec le départ de ce candidat. Ou plus exactement, ce à quoi il échappe...
On pourrait rire longtemps, tant elles sont nombreuses, des gaffes et banalités sorties par ce « candidat du bon sens », comme il aimait à se présenter. Sa méconnaissance de la situation internationale est indéniable : il reste interdit pendant plusieurs minutes lorsqu'on lui parle de la Lybie, il explique qu'il n'est pas utile pour un président de savoir qui est son homologue de « l'ouzbéki-béki-béki-stan-stan »... Ses propositions politiques sont le plus souvent à l'emporte-pièce voire inhumaines : il prêche ainsi le retour aux bonnes vieilles méthodes d'interrogation dans les affaires de terrorisme (bref à la torture), il estime que « la plupart des musulmans sont des extrémistes », il prône l'installation de barrière électrifiées pour empêcher l'immigration mexicaine comme si l'on parlait du bétail du ranch voisin...
Mais le principal défaut d'Herman, ou tout du moins celui qui lui aura valu sa place dans la course à l'investiture, c'est son côté « macho rigolo », qu'il pensait être un atout jusqu'à aujourd'hui. Chaque interview ou presque de Cain donne lieu à une blague salace, clin d'œil lubrique et coup de coude dans les côtes en option...
Là encore, Cain manie comme personne les petites phrases à double sens. Lorsque Sarah Palin, sa prédécesseur au rayon stupido-populiste du parti conservateur, l'accuse d'être le parfum de la semaine, sa réponse se veut drôle, elle est surtout graveleuse : « si je suis un parfum, je suis « black walnuts » (les noix noires) d'Häagen Dazs. Et je tiens plus longtemps qu'une semaine. »
Il ne recule non plus devant aucune sortie sexiste, surnommant l'ancienne présidente du Parlement Nancy Pelosi d'un irrespectueux « Princesse Nancy », ou son opposante à la primaire, Michele Bachmann, de « tutti frutti » (la folle)...
Et si vous pensez que les dernières accusations de harcèlement sexuel ont calmé ses ardeurs phallocratiques, vous vous trompez. Invité sur un plateau de télé pour évoquer les accusations dont il fait l'objet, Cain répond au présentateur, qui lui demande en riant s'il compte embaucher la célèbre avocate féministe Gloria Allred pour le représenter : « Je ne vois pas une seule chose que je lui demanderais de faire pour moi... Pas une seule chose... » Hahaha, rires gras et regard complice du genre « si vous voyez ce que je veux dire » à l'audience (qui participe d'ailleurs avec le commentateur Jimmy Kimmel à cet humour de mauvais goût)...
Bref, pas sûr que les Américain(e)s regrettent bien longtemps la candidature avortée d'Herman Cain... Enfin on l'espère.