Zy'va, le magazine Respect et Mediapart organisent un débat animé par Edwy Plenel sur la représentation des minorités dites «visibles» en France à la lumière des élections américaines, mardi 28 octobre à Nanterre (inscriptions ici).
Invités par l'association Zy'va, qui organise l'accompagnement scolaire auprès de 300 jeunes dans le Petit-Nanterre, Gwenaëlle Calvès (juriste spécialiste de la discrimination positive, université de Cergy-Pontoise), Marc Cheb Sun (Respect), Fayçal Douhane (conseil national du PS), François Durpaire (centre d'histoire nord-américaine, institut des diasporas noires francophones), Vincent Geisser (CNRS), Patrick Jarry (maire PCF de Nanterre), Patrick Lozès (Conseil représentatif des associations noires), Edouard Pellet (France Télévisions), Dominique Sopo (SOS Racisme) et Claire Villiers (Gauche alternative, vice-présidente du Conseil régional d'Ile-de-France) suivront le parcours du sénateur de l'Illinois qui pourrait devenir le prochain président des Etats-Unis et examineront l'impact que son élection pourrait avoir sur la représentation des minorités «visibles» en France.
Un parcours retracé par le candidat démocrate lui-même lors de son discours de Philadelphie (18 mars 2008): «Je suis le fils d'un homme noir du Kenya et d'une femme blanche du Kansas. J'ai été élevé avec l'aide d'un grand père blanc qui a survécu à la Dépression en servant dans l'armée (du général) Patton pendant la seconde guerre mondiale et d'une grand-mère blanche qui travaillait sur une chaîne d'assemblage de bombardiers à Fort Lavenworth tandis qu'il était outre mer. Je suis allé dans quelques unes des meilleures écoles en Amérique et j'ai vécu dans l'un des plus pauvres pays du monde. Je suis marié à une femme noire qui a en elle du sang d'esclaves et de propriétaires d'esclaves- un héritage que nous transmettons à nos deux filles chéries. J'ai des frères, des sœurs, des neveux, des oncles et des cousins, de toutes races et de toutes couleurs dispersés sur trois continents, et aussi longtemps que je vivrai, je n'oublierai jamais qu'il n'y a aucun autre pays sur la terre où mon histoire soit possible. C'est une histoire qui ne fait pas de moi le plus conventionnel des candidats. Mais c'est une histoire qui a imprimé dans mes gènes l'idée que cette nation est plus qu'une somme de ses composantes- à partir de cet multiplicité nous sommes véritablement un.»
«Indubitablement, j'ai tiré profit de la discrimination positive (affirmative action), disait Barack Obama, alors étudiant à Harvard et président de la Harvard Law Review. Le succès du programme parle pour lui-même.» Pendant la campagne, le candidat a néanmoins nuancé sa position, estimant notamment que ses deux filles, Malia, 10 ans, et Sasha, 7 ans, ne devraient pas pouvoir en bénéficier, en particuliers si elle concourrent avec des étudiant blancs pauvres. «Nous devons envisager la discrimination positive de telle manière que certains de nos enfants qui sont avantagés n'aient pas un traitement plus favorable qu'un enfant blanc pauvre qui a du lutter plus activement», a-t-il déclaré lors d'une convention des journalistes représentant des minorités à Chicago. La situation est toute différente en France où la loi de 1990 interdit «toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion». La statistique publique ne connaît d'ailleurs rien d'autre que des nationalités: l'article 63 de la loi Hortefeux sur l'immigration tendant à autoriser l'établissement de statistiques ethniques a été censuré par le Conseil constitutionnel en 2007. Les Français ne s'y trompent pourtant pas, qui estiment à 80% (source Eurobaromètre) quela discrimination (négative) sur la base de l'origine ethnique est répandue dans le pays, au troisième rang européen (moyenne 64%).Dans un rapport de 2006, le Conseil d'analyse de la société recense les arguments pour ou contre la discrimination positive:«Pour: - Elle serait utile, voire nécessaire, pour compenser des discriminations anciennes (liées par exemple à la colonisation ou à la pratique de l'esclavage), ou pour corriger des discriminations actuelles (à celles qui subsistent des temps anciens s'ajouteraient d'autres discriminations, pour ainsi dire « structurelles », le modèle étant celui des inégalités de traitement entre homme et femmes).
- Elle permettrait d'assurer une plus juste représentation de «minorités», ou même de groupes majoritaires mais sous-représentés (les femmes) et d'assurer ainsi une réelle diversité dans notre démocratie représentative.
Contre:
- Elle est contraire à l'idéal universaliste qui est le fondement même de l'idée démocratique. C'est ainsi tout ce que la tradition des droits de l'homme a de meilleur et de plus authentiquement "républicain" que cette nouvelle figure de la discrimination viendrait, par delà les bonnes intentions, saper à la racine. - Les politiques de discrimination positive se retourneraient fatalement contre ceux qu'elles prétendent aider. Elles susciteraient, en effet, l'apparition de « Noirs quotas », ou de «femmes quotas», etc. qui seraient aussitôt soupçonnés de devoir leur promotion à leurs caractéristiques de nouveaux privilégiés plutôt qu'à leurs talents.» Et conclut qu'une «véritable antinomie de la pensée politique oppose d'un côté, des "démocrates-US-modernistes", de l'autre, des "républicains-Français-nostalgiques" ou, à tout le moins, "résistants". La tâche s'impose de concevoir une synthèse républicaine, qui s'efforce d'ancrer l'idée républicaine dans l'avenir plutôt que de céder au pathos d'un républicanisme nostalgique ; sa formulation exige la reconnaissance du bien fondé des interrogations qui animent la discrimination positive mais non l'importation d'un modèle dont les Américains eux-mêmes cherchent à pallier certains effets pervers.» Cette synthèse, aujourd'hui, n'existe pas en France. L'élection d'un métis à la tête de la première puissance mondiale peut-elle faire bouger les lignes? Réponse mardi, 19 heures, à Nanterre.Zy'va
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