Non, ceci n'est pas un billet sur le Stade Toulousain. Ni sur Jeanne Mass d'ailleurs.
Millenium Stadium de Cardiff, ce jeudi. A la gare, chaque train qui arrive déverse des vagues rouges sur le quai. Les rues, fermées à la circulation, sont bondées: du rouge, et encore du rouge. Les couvres-chef ne sont pas en reste: des poireaux géants, des jonquilles, des têtes de mouton ou de dragon. De temps en temps un peu de bleu dans la foule. Ce sont les officiels de la coupe du Monde. Partout ils tendent des plans pour trouver, qui sa porte d'entrée du temple, qui la Fanzone. Le ballon de rugby qui s'est envolé pour la stratosphère lors de la cérémonie d'ouverture est retombé et s'est malheureusement incrusté dans la muraille du chateau de Cardiff.
L'heure du diable arrive et je m'en vais rejoindre ma place. A ma droite, trois vieux chantent à tue-tête des chansons en gallois. Ils sont drôles, et très sympas. Heureusement, ils s'adressent à moi en anglais. On refait le match Galles - Angleterre. Je ne fait que ça depuis le début de la semaine, mais je ne m'en lasse pas. Les tribunes se remplissent. Rouge. A la présentation des équipes, le plus acclamé, c'est le coach Gallois. Les hymnes résonnent sous le toit fermé du stade et ça commence. Bon le match est pas super terrible. Les Gallois un peu faiblards loupent pas mal de plaquages. Mais il faut reconnaitre que le Fidjien, c'est du costaud ! Pendant ce temps là, l'arbitre ne se fait pas franchement d'amis. Pas sûre qu'il revienne passer des vacances dans le coin. En fin de match, les "Welsh ! Welsh !" sont assourdissants, amplifiés dans la cocotte Cardiffoise (ou Cardiffaise, allez savoir). Dans la coupe du monde des meilleurs supporters, les Gallois prennent l'avantage.
Car le Gallois aime le rugby. Et moi aussi. Du coup le vendredi, rebelotte. Les rues d'avant match sont toujours aussi bondées. Mais ce coup-ci, elles sont toute en noir. Car après le dragon, voici la fougère. Le chapeau fait bien moins recette aujourd'hui, bien que l'on croise de temps en temps la corne d'un narval.
Et me voila dans le stade. Noir. A ma gauche des Anglais de Bristol en noirs, la fougère sur la joue. A ma droite un groupe de Toulousains (sans rire) qui agitent le drapeau Géorgien. Quelques "Georgia ! Georgia !" sporadiques les accompagnent. Pour l'hymne ils ont un peu de mal. Ils avaient révisé pourtant, mais c'est pas pareil que sur Utube (sic). On a à peine démarré que voila le premier essai des Blacks. Oui mais voila: les Géorgiens se rebellent et marquent à leur tour, chaudement applaudis par tout le stade, même s'il est en noir. Et les Géorgiens vont se battrent. Vers la fin du match, le score n'est pas lourd du tout: 29 à 10. Et les spectateurs qui étaient beaucoup Noir, se découvrent le coeur Rouge géorgien. Quand Mamuka Gorgodze est annoncé homme du match, c'est la folie dans le stade. Une explosion de joie, un truc extraordinnaire, toute la ville en tremble. Mamuka, lui, il rigole, il n'y croit pas. Avec cette nomination, c'est toute l'équipe géorgienne qui est félicitée. Et ils le méritent. Ils nous ont fait vibrer.
Un jour Rouge. Un jour Noir. Et que du bonheur...