Billet de blog 14 mars 2012

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Révolution alimentaire au Rugby.

De la couenne et autres cochonneries …À François RABELAIS qui aurait sans doute aimé jouer au rugby.    Il en va des évolutions alimentaires comme de toutes les autres. Elles indiquent autant des transformations majeures de notre société que des soubresauts imprévisibles et transitoires provoqués par des effets de mode.

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De la couenne et autres cochonneries …


À François RABELAIS qui aurait sans doute aimé jouer au rugby.


    Il en va des évolutions alimentaires comme de toutes les autres. Elles indiquent autant des transformations majeures de notre société que des soubresauts imprévisibles et transitoires provoqués par des effets de mode.
    En trente années d'observations, affinées lors d'une multitude de casse-croutes routiers consommés au cul d'un car, j'ai pu observer des modifications radicales de la façon de se nourrir avant un match à l'extérieur. Mon vécu d'entraîneur m'a permis de disposer d'éléments d'observation sur différentes générations, en des lieux aux cultures dissemblables.
    Il n'en demeure pas moins des invariants dans les variations qui se sont imposées au fil du temps qui passe, pour cette société qui s'évertue à de plus en plus consommer, et toujours beaucoup plus mal.
    Au début état l'homme gourmand et gourmet, fils de famille ou mari comblé d'une parfaite ménagère, cordon bleu et femme prévenante : une baronne en somme. Dans le panier garni, il y avait tout ce qu'un diététicien condamne et qu'un épicurien vénère. Le pâté de faisan maison, la terrine de gibier, le pâté de foie, le vrai l'unique, le gras, et autres subtilités cuites à étaler sur des tartines de pain qui avaient encore la croute croustillante et la mie souple mais résistante.
    Les cornichons maison ; un élément qui aurait aujourd'hui sa place dans un musée des traditions populaires désuètes, un pot de moutarde ou une mayonnaise montée à la main venaient faire chanter ces excès de protéines toutes à la gloire du cochon et du gibier.
    Après ces mises en bouche, un jambon qui ne transpire pas, qui se pare d'une couenne généreuse et appréciée, pouvait s'insinuer dans un casse-croûte qui n'était pas de fainéant. Ni tomates, ni rondelles de concombre pour se donner une bonne conscience légumière …
    Le fromage venait à son tour. Il n'était pas emballé de croutes plastiques, il embaumait le car dés le matin et rivalisait parfois avec les inévitables œufs durs. Il se diversifiait à l'infini des préférences de chacun. Le chèvre sous toutes ses formes, le brebis ou la vache, un plateau qui racontait un peu des origines de chaque membre de cette confrérie laitière.
    La terre des ancêtres étaient bien sûr célébrée par le sang de celle-ci. Des vins rouges de partout et des tire-bouchons qui ne quittaient jamais les voyageur de l'époque. Des tartes aux pommes, des gâteaux onctueux et quelques fruits permettaient de terminer sur une note sucrée et protégeaient tous ces goinfres, s'il était encore nécessaire, d'une vilaine hypoglycémie.
    Les années ont passé, le panier s'est petit à petit dégarni de sa part de rêve et d'amour. Le gibier a quitté la besace, les cornichons se sont uniformisés avant que de disparaître définitivement. Les barres de céréales, ont, pendant un temps, connu leurs années de gloire en chassant à jamais la pâtisserie affectueuse.
    La révolution ne faisait que commencer. Le monde a véritablement chaviré quand les joueurs ont retiré la couenne du jambon. La modernité triste venait de toucher la citadelle Rugby. Tout alla bien vite après cette faute de goût funeste. Le pain, notre pain français, cette fier baguette  qui se fend en deux pour la bonne cause fut remplacé par des triangles à pleurer, d'une triste mie sulfurisée. Le concombre et la tomate doivent maintenant pousser en rondelles coincées entre deux feuilles de pâtes de gruyère, pour venir habiller cette tristesse d'un peu de couleur.
    Les boisons ont quitté le terroir pour se parer de vertus énergisantes. La saveur n'a plus sa place dans nos cars où on ne mange plus monsieur, non, on ne mange plus, on se sustente !
    Diététiquement vôtre !
   

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