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Palestine

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Billet de blog 2 août 2014

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Occupation de la Palestine : culpabilité de l'Occident

Alors que cette édition est surtout une compilation de papiers, qui se veulent surtout sur le fond, que je recherche sur le net, celui-ci est une réédition d'un papier que j'avais écrit le 24 juillet 2014 sur mon blog. J'y ai fait quelques retouches pour préciser quelques points.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que cette édition est surtout une compilation de papiers, qui se veulent surtout sur le fond, que je recherche sur le net, celui-ci est une réédition d'un papier que j'avais écrit le 24 juillet 2014 sur mon blog. J'y ai fait quelques retouches pour préciser quelques points._______________________

"Ma vie juive"

Elle remonte aux années 1940/1950 où passaient sur les actualités, en préface aux films dans les salles, des images de joie de vivre en Israël. A l'époque je ne savais pas encore ce qu'était le génocide, on ne le sut qu'à partir des années 1960. Ces jeunes chantaient en ronde, creusaient des sillons pour la culture, élevaient des vaches et des poules. Ils étaient blonds, la peau dorée par la vie au grand air, en parfaite santé. Leur vie me paraissait sans aucun rapport avec les paysans de France que je connaissais bien, qui eux étaient moins joyeux, plus âgés, sans le confort minimum tel l'eau courante et la lumière d'une lampe pendant au plafond des pièces peu claires.

Mes parents avaient des amis Juifs qu'ils connaissaient d'avant la 2de guerre, j'étais amie avec leurs enfants, nous nous fréquentions beaucoup adolescents, allant dans des surprise-parties.

Adolescente, mon premier amour fut un Juif, Jacques. Il m'amena voir "Nuits et brouillards" auquel je ne compris rien faute d'explication, sinon l'horreur que j'y vis. Mon second amour fut Juif aussi, Louis. Mon mari fut un Juif, Jean-Jacques, j'en eus un fils, Jean-François. Je pénétrais là dans une famille dont je dis quelques mots dans un précédent billet ma vie russe : La grand-mère avait du s'enfuir de Pétersbourg à 19 ans pour actes de terrorisme en 1905 : elle posait des bombes, faisant parti du mouvement des Mencheviks ou des Socialistes révolutionnaires, j'ai oublié, en tout cas pas des Bolcheviks. Elle était Juive.

Sur le billet de Daniel Salvatore Schiffer Lettre ouverte d'un intellectuel juif à ses pairs (Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Elie Wiesel) je commentais :

Beaucoup de juifs sont contre ces interventions depuis très longtemps. C'est en 1967 que j'ai pris conscience de l'existence de la Palestine, j'étais dans un milieu juif, athée, "extrême gauche" de l'époque. Quelques-uns avaient fait du soutien au FLN (Algérie), dont des avocats qui avaient défendus les Algériens. Ce sont eux qui m'ont fait "basculer" pro-palestinienne. Un autre, venant d'Israël, se disant Juif-Palestinien, était dans La Paix Maintenant.

L'un d'entre eux, auparavant non pratiquant, que tous croyaient athée, s'est mis à pratiquer, pourquoi pas, lui bien sûr, le seul de "la bande" avait pris parti pour Israël. Son surnom était "petit juif".

Du temps où j'habitais Paris la grande majorité des juifs Ashkénazes que je fréquentais étaient pro-palestiniens.

C'est un peu comme les musulmans dont on ne nous fait entendre que les extrémistes alors que 90 % (au moins) d'entre eux pratiquent leur religion d'une manière calme et non visible.

Ainsi je commençais dans un même temps années 1960 a, enfin, connaitre le génocide juif par la lecture des livres de témoignages qui commençaient à paraitre, et l’existence d'un peuple les Palestiniens.

Et je commençais à me demander pourquoi j’additionnais tellement de rencontres de Juifs dans ma vie. Je lisais le livre de Girard : Le bouc-émissaire où je trouvais une réponse. Et j’eus d’autres ami/e/s Juifs encore…

Durant les années 1960, me "perfectionnant" en matière politique engagée à gauche je découvrais les Kibboutz qui me parurent comme un idéal de vie en commun.

La Palestine

Années 1960 nous nous occupions particulièrement, après l'Algérie, à militer pour le Viet-Nam. La Palestine commença à nous mobiliser à partir du même moment, mais le temps n'est pas élastique. Ce n'est que plus tard que nous nous activâmes pour les Palestiniens. Arafat et Leïla Shahid étaient mes références. Arafat était accusé de différents maux par Israël : terroriste voulant faire disparaitre Israël.

Pourquoi des gens qui vivent là depuis des siècles devraient reconnaitre un état incrusté de force sur leur territoire par l'Occident ? Voyez-vous un pays avoir une enclave imposée par l'Orient quelque part ? Par exemple en France, on pourrait imaginer qu'un écrit imposerait une population en Normandie où des Scandinaves viendraient vivre là … par une tradition historique. Ou encore en Provence les Italiens, qui ont là une longue tradition historique. Vous me répondrez mais eux ont déjà un pays.

En effet les Juifs n'avaient eux pas de pays. Ils étaient devenus minoritaires au 1er siècle dans leur royaume d'origine, la Judée, vivant majoritairement en Mésopotamie, Perse, Égypte, le fait le plus marquant étant la destruction du temple de Jérusalem en 70, mais leur exode avait commencé dès le 4ème siècle avant J.C. Ainsi leur identité n'était plus de territoire, mais de communauté de pratique religieuse et d'un passé.

Tout au long des siècles en Europe, depuis la Russie, en passant par l'Italie (ghetto), ils subissaient des pogromes, des mises à l'écart de la société, des vexations diverses. Par contre en Orient ils étaient mieux intégrés. En Chine ils étaient absorbés et avaient disparu en tant que tels.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, les Occidentaux se trouvèrent dans une culpabilité qu'ils n'ont jamais assumé. Plutôt que trouver un statut de protection de leur identité, comme avait fait Napoléon en France, mais qui n'avait pas suffit, ils se rallièrent à l'idée d'un "retour" sur une terre ancestrale, idée de Herzl, le sionisme. Que des populations vivent là depuis des siècles n'émurent pas les Occidentaux. Ces derniers n'avaient qu'une idée se débarrasser sur d'autres de leurs fautes. Mettre les Juifs loin de l'Europe pour ne plus les voir ? pour n'avoir plus la culpabilité ?

Ils suffisaient que ceux qui se trouvaient là depuis des siècles se poussent un peu pour faire place à ces nouveaux occupants : l'état d'Israël. C'est donc par un mépris de la part des Occidentaux pour des Arabes, racisme plus sournois, racisme hérité de la tradition coloniale de la France et de la Grande-Bretagne.

Tout au long des années, l'Occident et le monde laissa faire : l'état d'Israël n'avait jamais assez de place, des guerres incessantes poussaient les Palestiniens plus loin, ne leur reconnaissant aucun statut digne. L'état d'Israël appelait même les Juifs du monde entier à venir là. Le manque de place ? suffisait de pousser un peu plus les Palestiniens.

Pourquoi un peuple, les Palestiniens, doivent-ils, eux, payer le prix fort pour une faute commise années 1940 par l'Occident ?

L'Occident s'est défait de sa faute sur d'autres qui payent : leur disparition progressive. Disparition qui laisse tout les états d'Occident indifférents.

Une diaspora se forme un peu partout dans le monde, ils s'échappent où ils peuvent de cette terre qui est devenue l'enfer : la Palestine.

Sous nos yeux nous assistons à ce qu'ont vécu les Indiens d'Amérique : la destruction d'un peuple. Nous sommes tous choqués, effrayés par ce qui a été imposé aux Indiens d'Amérique, mais indifférence et même accord global du monde, insoucieux du présent.

Bientôt nos livres d'histoire nous raconterons ce qu'a été la Palestine et comment elle a disparu.

NB - Christian Salmon a très bien décrit dans son billet ce que vivent les Palestiniens au quotidien : Gaza sous les bombes: jusqu'où la patience...

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