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Billet de blog 18 mars 2013

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Tian'anmen, pour ne pas oublier

Le nom seul suffit à faire revenir à la surface des images terribles. Et nombre de questions restées sans réponse. Place Tian’anmen. Davide Reviati n’a pas oublié.

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Le nom seul suffit à faire revenir à la surface des images terribles. Et nombre de questions restées sans réponse. Place Tian’anmen. Davide Reviati n’a pas oublié.

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Deux ans avant Etat de veille (Casterman), Davide Reviati publie Oublier Tian’anmen, puissant voyage graphique qui évoque les événements tragiques qui ont focalisé l’attention durant plusieurs semaines entre avril et juin 1989. Le livre est sorti en france en février 2013, traduit de l'italien par Samuel Delerue aux éditions Cambourakis.

Vingt ans après les manifestations durement réprimées, un journaliste italien se rend à Pékin pour interroger des acteurs et des témoins du mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois qui voulaient dénoncer la corruption et demander des réformes. Mais l’enquête n’est qu’un prétexte, le journaliste entend honorer une promesse faite à une jeune fille vingt ans plus tôt…

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Entièrement dessiné à l’encre et au pinceau, avec des lavis torturés ça et là, le trait s’effaçant pour mieux évoquer l’effacement des mémoires, la dilution, Oublier Tian’anmen invite à la réflexion, au voyage. Graphiquement somptueux, entre réalisme et expressionnisme, richement documenté, le livre de Davide Reviati est entrecoupé de poèmes chinois, de citations du Grand Timonnier, de témoignages et d’informations devenues des faits historiques. Et le voyage dans le temps se fait tour à tour intimiste et grave, nostalgique et plein d’espoir.

De par sa construction, avec cette mise en miroir de l’histoire d’amour de l’histoire tout court, Oublier Tian’anmen possède une force évocatrice rare. Davide Reviati a composé une sorte de journal à rebours qui questionne autant le passé qu’il interroge le présent. Vingt ans après, combien se souviennent ? Combien de morts ? Les morts ne peuvent plus parler. Pas plus que les vivants. L’oubli est une chose terrifiante, il est l’instrument d’une « double peine », une condamnation sans appel.

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  • Oublier Tiananmen, de Davide Reviati (Traduit de l’italien par Samuel Delerue) 176 pages couleur, Cambourakis, 20€
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