
Son corps est une arabesque. Moulé dans un pantalon noir, il prend la pose d’un torero prêt à poser les banderilles, il s’avance la cambrure parfaite, fait une volte face, les mains deviennent éventails, en trois secondes Israël Galvan impose une présence qui va droit au ventre. Le cercle de lumière rappelle l’arène. Plus tard, la lumière comme un soleil de midi réfléchit une ombre écrasée, qui souligne l’envergure des bras. Les pieds claquent, sur le parquet, devenu tableau porteurs des empreintes des « zapateados » éruptifs. Israël Galvan tend son corps comme un arc, le bras désigne le ciel, et dans un cri il relâche la tension . Applaudissements en salve. L’homme est accompagné du guitariste Alfredo Lagos et du chanteur David Lagos sublimes eux aussi, la voix, la musique et le corps ne font qu’un, ils s’accompagnent, se cherchent se répondent. On est au théâtre des Abbesses à Paris, la salle n’encourage pas de « vale »comme en Espagne, mais le cœur y est. Ce spectacle « La edad de oro », « l’âge d’or » a été créé en 2005 et a immédiatement propulsé Israël Galvan sur la scène internationale. Invité des festivals de danse contemporaine, Montpellier danse, entre autres, il a également électrisé le festival d’Avignon 2009. « La edad de oro » est un vibrant hommage à la tradition du flamenco de la fin du 19ème, début du 20ème siècle dont Israël Galvan se fait le passeur virtuose. Dans la seconde partie du spectacle, Il s’éclipse et revient plus déluré, des chaussures blanches aux pieds, un pan la chemise, sort du pantalon. Son corps devient percussion, la paume frappe le ventre, les doigts jouent sur les dents les faisant claquer , un déhanchement fait se pâmer la salle, au bord de l’extase. Né en Andalousie, dans une famille de danseurs, Israël Galvan se rêvait footballeur, mais la famille ne le voit pas de cet œil. Sa rébellion : être danseur d’accord mais à la condition de danser le flamenco comme personne d’autres. Et le voeu n’est pas pieux, Israël Galvan est au Flamenco ce que Nijinsky fut au ballet classique : un génie.
Au théâtre de Abbesses à Paris jusqu’au 8 janvier
www.theatredelaville-paris.com
Tél : 01 42 74 22 77