
A voir dans les Livraisons d’été, dernier programme de la saison aux Subsistances, à Lyon. Angéla Laurier est, dans le monde du cirque, l’une de celle qui met sa vie en scène. Une urgence vitale qui la pousse inexorablement à créer des spectacles autobiographiques, qui vont droit au cœur et au corps des spectateurs. Les deux premiers, Deversoir et J’aimerais pouvoir rire mettaient en scène sa famille, avec l’Angela bête, c’est elle qui est au centre. Elle nous joue son parcours accompagné d’un groupe de rock dans une comédie musicale juste pour elle.
C’est juchée en haut d’un escalier qui fait figure d’immense podium, qu’elle nous raconte l’histoire. En robe blanche transparente, Angéla nous rejoue, façon Chantal Goya les moments clés de son entrée dans le show bizz. Angela a passé son enfance au nord de Vancouver aux frontières de l’Alaska. A 11 ans, c’est une gymnaste prometteuse, elle fait partie de l’équipe nationale du Canada. Le problème c’est que la gamine est une boule d’émotion pure et de trac qui lui font perdre tous ses moyens en compétition. Elle est alors remarquée par un Michel Comte, auteur-compositeur-metteur en scène de comédie musicale.qui lui demande si elle sait chanter.La gymnaste pousse la voix, ce sera son salut. Elle se trouve embarquée dans une féerique histoire de comédie musicale , qui l’emmènera à 13 ans loin de sa famille, des forêts et des lacs du nord. Alors que Céline Dion en est à peine aux radios crochets, elle passe à la télé, consécration suprême. Jusque-là , honnêtement, on a un petit eu peur d’être embarqué dans un soap ringard. Mais c’est sous-estimer la dame ! Fini Chantal Goya, Angéla se transforme en entraîneuse drastique d’un boy bande minable. Les quatre musiciens qui l’accompagnent en short rouge transpirent et soufflent, la cinquantenaire (elle nous dira qu’elle est née le 4 février 1962), elle, est inépuisable. Les petits jeunes sont à bout alors qu’elle transpire à peine. L’interlude rigolard permet de transformer l’escalier en cabane au Canada. Poêle, rocking-chair et peaux de bête. Angela revient sur les paysages d’enfance, on voit en vidéo des forêts et un ours qui pêche dans une rivière. C’est le début du printemps l’ours a faim, il sort. Et au Canada , l’ours finit souvent en tapis devant la cheminée. La métaphore est belle, l’ours et Angela ne font qu’un : sauvage, puissants et vulnérables à la fois.
C’est cheveux crêpés à grand renfort de laque , talons hauts et mini short qu’ Angéla va se libérer du cirque, de la contorsion, du corps qui fait mal tous les jours. Dans un show, version stand up, elle révèle une vraie nature comique et complètement rock n’ roll. Les quatre garçons l’accompagnent guitare basse batterie, voix. Angela a cinquante ans, la vraie vie peut .commencer! Pas d’enfants ? et alors ? elle s’occupe des jeunes, plutôt de sexe masculin à partir de 20 ans, c’est plus drôle et d’ailleurs le guitariste à sa gauche c’est l’homme de sa vie. Angéla nous fait rire autant qu’elle nous émeut. On adore qu’elle nous fasse son numéro. On est scotchée par le contraste entre la frêle silhouette et l’énergie qu’elle dégage . L’Angéla bête rugit en lionne et dans un parfait grand écart facial, suivi d’une double roue arrière, se relève sourire canaille aux lèvres. Une bête de scène. La couguar tient la forme!
C’est dans les Livraisons d’été, dernier programme de la saison aux Subsistances à Lyon que l’on s’est régalé de L’Angela Bête. Des livraisons à tous les rayons, cirque, théâtre, art plastique où l’on a pu jouer avec les installation de l’exposition XYZT d’Adrien Mondot et Claire Bardainne.

Une exposition inter active et précisons le, avec des machines qui marchent! Pas de vidéo projecteurs en panne, d’écran qui ne s’allument pas…. Il fallait voir le plaisir des visiteurs à se placer devant une vitre, et voir leurs mouvements devenir fluides, les corps se mettre à onduler même pour les moins agiles d’entre nous.
Leur conférence spectacle Un point c’est tout est un bijou de pédagogie poétique .
Dans une troisième salle Helène Mathon livrait « L’omme vit très bien toute seule » , un texte de Jacques Rebotier. le spectacle a tourné dans les communes avoisinantes, allant au devant de publics peu habitués au spectacle, maison de retraite, foyers sociaux, collèges, maisons familial.
Tous ses spectacles seront visibles la saison prochaine, dans différents théâtres, et le 19 juillet à 19h30 aux Subsistances, on peut aller voir le chantier de travail de David Bobee et le groupe Rictus.
Les subsistances à Lyon :
Laboratoire international de création artistique
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