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Billet de blog 5 mai 2010

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«Ad vitam», une femme sous influence

Elle entre sur le plateau nu, cadré par les pendrillons noirs. Une sonate au lointain, elle tangue dans un mouvement extrêmement précis, balance ses longues jambes autour de son corps et se redresse, fragile, au bord du gouffre.

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Illustration 1
© Philippe Gladieux

Elle entre sur le plateau nu, cadré par les pendrillons noirs. Une sonate au lointain, elle tangue dans un mouvement extrêmement précis, balance ses longues jambes autour de son corps et se redresse, fragile, au bord du gouffre. Elle tire un peu sa chemise grise sur son pantalon, se pose au milieu de la scène bras tendus le long du corps, et entame un monologue. Elle dit son admiration pour les gens qui réfléchissent, ceux qui prennent leur tête dans les mains et décident. Elle dit que sa tête est vide, qu'elle n'est guidée que par les choix d'autrui. Comment est-on un être sociable? Quelle est la bonne distance? Elle remarque que chez le boulanger, elle sait la trouver, elle n'est peut être pas si folle. Pour elle, le quotidien n'est pas une évidence comme pour d'autre. A partir de quel moment est-on considéré comme suffisamment psychotique pour se permettre de rire à l'entretien avec le psychiatre ? Une grimace se transforme en sourire , la bouche s'ouvre comme dans un cri pour dire tout les mots qui commencent par A, Anna, ahuri, abandon, arbre...Ad vitam aeternam. Elle engage une danse qui toujours avorte, coups de pieds au savoir-faire .Elle, c'est Carlotta Sagna, danseuse- actrice qu' on l'a vu dans les spectacles de la Need Company et depuis quelques années qu' on la découvre en solo. Ad Vitam, c'est un texte qu'elle a écrit, un solo qu'elle a composé. Elle y questionne la place sociale, « J'ai vu un slogan pour un produit de consommation... pour les hommes qui savent vivre. Et je me suis dit, Et les autres? » Les inadaptés sociaux sont les artistes et les fous, Carlotta est une artiste et elle entre dans la peau d'une schizophrène. Ne trouvant pas d'autre adversaire qu'elle même, elle boxe son propre visage, la violence du coup et la douceur infinie du relâchement. C'est déjà la fin, Carlotta Sagna se balance un dernier uppercut et nous laisse KO, tandis que de derrière les rideaux le son grésille « you are crazy, you are crazy » .

Ad Vitam jusqu'au 11 mai

Théâtre de la Bastille à Paris

76 rue de la roquette 75011 Paris

tél :01 43 57 42 14

www.théâtre-bastille.com

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