
Une femme, sublime, traverse la scène . La longue traîne de sa robe se termine par une machine à coudre.La jeune femme s’installe au piano , elle joue de la pédale de la machine à coudre et la traîne disparaît. La première image du spectacle de Jeanne Candel, le goût du faux et autres chansons donne le ton. Le spectacle, à l’instar de la robe travaille les coutures. La belle disparaît. Elle reviendra plus tard, dans une superbe combinaison pailletée chantant ce refrain Si ce n’est que cela… » Si ce n’était que cela un spectacle ? Une suite de tableaux , dans le cas qui nous concerne, très réussie. Des acteurs, ils sont douze, formidables, débordants d’imagination et d’énergie. Il y a celle qui se mettra du persil dans les oreilles et se bardera le visage avant de se mettre la tête dans le four, ou cette autre qui en laborantine experte , dépose dans de petits flacons les éléments permettant de faire son test ADN. Ou encore, celle en robe dorée et mains bleues qui déploie l’étendue de son talent du flamenco au striptease burlesque . On aura un documentariste qui veut filmer le Léviathan,un auteur en panne d’inspiration, des astronautes russes qui s’adonnent à un remake de Gravity hilarant. On pourra reconnaître entre autres, des références à Heiner Müller, Ovide , Médée…Pina Bausch. La metteuse en scène fait théâtre de tout, elle est brillante, inventive, et prend soin de ne jamais plomber l’ambiance. Pourtant à force de dérision, on finit par se laisser porter gentiment. Le repas qui se prépare en début de spectacle par l’auteur dépressif ne sera jamais mangé, seul le vin est bu. C’est un peu notre état, une ivresse agréable, mais il nous manque le plat de résistance.
Le goût du faux et autres chansons jusqu’au 13 décembre.
Au théâtre de la cité internationale , dans le cadre du festival d’automne à Paris
www.festival-automne.com // 01 53 45 17 17
www.theatredelacite.com / 01 43 13 50 50