
Sandrine Buring est danseuse. Elle a travaillé pendant plusieurs mois avec des enfants polyhandicapés de l'hôpital de la Roche Guyon. Des enfants totalement assistés par des appareillages complexes, des enfants dont on ne connaît rien de la vie intérieure, enfermés dans leur bulle, sans accès au langage. On les nourrit, les lave, les habille, la danseuse les a porté, soulevé, touché. De cette expérience, elle crée ch(Ose). Au centre de la scène, une grosse cloche de verre, sorte d’éprouvette géante est suspendue au plafond. La danseuse donne un coup, comme un coup de gong. Elle se glisse sous la bulle de verre ,en épouse les contours. Le buste enfermé, la voilà sous cloche. Précieuse,animale,végétale,dans un mouvement minimal, elle explore tous les interstices entre sa peau et la matière Elle s’offre au regard public, femme éprouvette, poisson laveur de vitre, la bouche collée à la paroi. On asphyxie à son rythme, elle cherche l’air pousse de petits cris rauques. Et l’enfermement devient la plus folle des libertés. Elle ose la chose. Chose comme l’inertie des enfants et ose comme le courage qu’il faut pour affronter la vie.Le solo est suvi de "Hic sunt leones,là bas il ya des lions" , Le texte écrit par Stéphane Olry. l'auteur et metteur en scène a suivi tout le travail . Il met des mots sur l’expérience, rapporteur poétique ,documentariste à fleur de peau. Il raconte l’institution, le travail des soignants,cite la danseuse qui dit que lorsqu'elle marche, elle marche sur un organisme vivant. La salle est plongée dansle brouillard. L’air ouaté est déchiré par les sons gutturaux d’une chanteuse (Pascale Labbé ou Isabelle Duthoit en alternance) qui accompagnent la comédienne Corinne Miret, à la structure du langage répondent l'organicité des sons. les corps sont absents, on a encore en mémoire celui de la danseuse sous sa cloche de verre , son mouvement ténu et essentiel. Rythme cellulaire comme un hommage au vivant.
ch(Ose) et Hic sunt leones/là bas ont les lions les 17 et 18 décembre au Théâtre de l'Aquarium à Paris
tél. 01 43 74 99 61