Il se passe des choses hors du commun au théâtre de Gennevilliers. Deux spectacles, deux expériences étonnantes, qui nous allongent et nous transportent. Il y a d’abord Castor et Pollux par les inclassables danseurs , chorégraphes performeurs, Cecilia Bengolea et François Chaignaud. S’inspirant du mythe Grec, deux demi-frères l’un d’ascendance divine, l’autre humaine ne pourront devenir immortels tous deux qu’à la condition de leur séparation. Cecilia Bengolea et François Chaignaud ont choisi les voies de l’air pour évoquer ce destin tragique. Les spectateurs sont allongés au sol, et découvrent au-dessus de leur tête deux corps encastrés, deux oiseaux exotiques aux couleurs chatoyantes et au chant mélancolique. Attachés à des harnais, et un dispositif de cordes et de poulies, ils vont être dirigés par la manipulation de quatre machinistes costumés en divinités . Séparés par l’action des poulies et dans un cri déchirant, ils prennent leur envol sans jamais se rejoindre, comme Castor et Pollux, condamnés à errer dans les cieux , occupant en alternance l’enfer et les sommets de l’Olympe. Leurs cheveux dorés balaient l’air dans la pénombre, les corps s’offrent dans un le ballet aérien tout à la fois charnel et mécanique Dans un atterrissage en rase motte des plus contrôlé ils finissent quasi allongé sur un spectateur. C’est beau, virtuose et presque un prélude au deuxième spectacle celui de Joris Lacoste intitulé le vrai spectacle.
Là nous nous asseyons sur des sièges munis de couverture. Un spectateur tous les trois sièges pour avoir la place de s’étendre, bouger sans déranger son voisin. Nous allons êtres hypnotisés, il faut nous mettre en condition. Les spectateurs dubitatifs, voir légèrement anxieux, écoutent, sourire en coin, Rodolphe Congé, le performeur. Il raconte l’expérience de l’hypnose. L’auteur et metteur en scène, Joris Lacoste a suivi cette thérapie pour arrêter de fumer. Il s’est intéressé au processus, a écouté nombre de cassettes d’autohypnose et y a découvert le potentiel poétique au point de faire d’abord une pièce radiophonique puis un spectacle pour un spectateur et enfin Le vrai spectacle. En préambule : « Qui au théâtre a pour habitude de sommeiller confortablement sur son siège, sera le spectateur privilégié de ma nouvelle pièce ». Il nous prévient : nous ne sommes pas obligés de fermer les yeux, mais, dans ce cas nous ne verrons probablement pas le vrai spectacle, nous en verrons un autre. Peu à peu sans que l’on s’en aperçoive, les yeux se ferment. Des mots entraînent des images. Chacun fait son propre voyage, pour ma part il était cosmique et « cosmonaute » est l’un des seuls mots dont je me souvienne. J’ai perçu des effets de lumières stroboscopiques, puis le noir, puis, de nouveau la lumière. La musique nous enveloppe comme la couverture, et quand Rodolphe Congé nous invite à nous réveiller, c’était un peu comme juste avant l’atterrissage dans un vol de nuit. À la sortie, chacun raconte son spectacle, comme on raconte ses rêves au matin, celui-ci est à la fois collectif et totalement singulier.
Au Théâtre de Gennevilliers dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
Castor et Pollux jusqu’au 17 novembre
Le vrai spectacle jusqu’au 19 novembre
Tel :01 41 32 26 26
www. theatre2genevilliers.com