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Billet de blog 15 novembre 2010

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Bordeaux line, festival Nov Art 2010

Bordeaux n'a pas été nommée capitale européenne de la culture pour 2013, ça ne l'empêche pas d'être européenne et culturelle. L'édition du festival Nov Art 2010 est là pour en témoigner. La programmation du festival a pour la première fois été confiée à un artiste, Dominique Pitoiset.

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Illustration 1
«Fauves», Michel Schweizer

Bordeaux n'a pas été nommée capitale européenne de la culture pour 2013, ça ne l'empêche pas d'être européenne et culturelle. L'édition du festival Nov Art 2010 est là pour en témoigner. La programmation du festival a pour la première fois été confiée à un artiste, Dominique Pitoiset. Le metteur en scène et directeur du Théâtre National de Bordeaux Aquitaine joue la carte d'une programmation résolument tournée vers la création contemporaine et la pluridisciplinarité. Théâtre, danse, musique, arts plastiques, les artistes invités mettent au travail une réflexion sans concession sur le monde comment il va, certains avec humour, d'autres avec rage et tous avec poésie. Pas de Labiche, Feydeau et autre Guitry, auteurs dont le retour en force sur les scènes publiques est concomitant avec une idée du divertissement « intelligent » qui ne risque pas de faire mal à nos derrières mollement avachis. Nov Art va plutôt dans le sens du raffermissement du fessier. Les spectacles protéiformes viennent de Russie, avec Andreï Mogoutchi, des Pays Bas avec Edit Kaldor, de Belgique, avec la Two dogs company et Thomas Hauert .On peut y découvrir les dernières expériences du canadien Benoît Lachambre et du metteur en scène et réalisateur Hongrois Kornel Mundruozo Son spectacle « Hard to be a god » est interdit aux moins de 18 ans et déconseillé aux personnes sensibles, et oui la période est aussi à l'interdiction aux mineurs, (cf. l'exposition.de Larry Clarke à Paris). Le festival fait aussi la part belle aux artistes bordelais ou installés dans la région . Eric Da Silva et sa dernière création au titre évocateur« Esse que quelqu'un sait où on peut baiser ce soir? j'ai répondu au bois » , Renaud Cojo qui après Bowie frémit sur Suite Empire, Coraline Lamaison qui explore le narcissisme et ses dérives, et Michel Schweizer. Schweizer poursuit son étude socio politique en mettant en scène 10 adolescents qu'il appelle « les fauves ». Ces bonobos ont été recrutés suite à une annonce qui affichait "recherchons talents entre 15 et 18 ans".. Une version de la nouvelle star sans vainqueur ni vaincu, sous l'oeil complice de Michel Schweizer himself et Gianfranco Poddighe. Ils affichent tous deux un pedigree de quinquas ordinaires, père de deux enfants de 6 et 10 ans pour l'un, de 6 ans à mi-temps pour l'autre. Schweizer avoue prendre chaque matin quelques gélules antirides, Gianfranco annonce 1162 apparitions sur scène à l'âge de 29 ans ce qui le rend apte à faire n'importe quoi. Il le prouve en nous régalant d'un « pas de liaison pas de trahison « en crooner drôle autant que pathétique. Les gamins lâchés sur scène témoignent, de leurs interrogations, de leurs désirs, de leurs peurs. Chacun des jeunes gens recrutés viendra montrer sa spécialité break-dance,chanson catch... D'aucun avouent être plus inspirés par leurs phéromones que par la réussite. Ils arborent des t-shirt qui disent leur niveau d'endurance à l'expérience de la vie. Une échelle de 1 à 5 à l'exception d'une jeune fille qui abdique d'avance avec un HELP écrit en rouge. Nés dans la société du spectacle, ils en connaissent tous les codes et affichent une décontraction déconcertante qu'ils chantent Bowie, entament un « you make me crazy» ou dansent le hip-hop mâtiné de tectonique. Ils ne sont pas dupes et ne se laissent pas éblouir par les feux de la rampe. Un « tu l 'as déjà fait hier « pour dire que la part d'improvisation est toute relative. Le spectacle ou plutôt, le moment partagé sur scène, et si le spectacle prend des allures de travail en cours, l'apparente nonchalance des acteurs, leur air « nature est travaillé au corps. Certains dans le public crient à l'imposture les jeunes ne seraient pas si jeunes, les textes seraient écrits par les vieux . Et alors leur répliquera-t'on ! Le théâtre parfois est aussi fort que a vie.

Dans les sous-sol du théâtre, la plasticienne Cécile Léna nous invite à allumer l'interrupteur qui éclaire une à une ses maquettes Un casque sur les oreilles, on découvre les secrets de ces maisons de poupée Chaque pièce s'éclaire au fur et à mesure, un téléphone sonne, le répondeur se déclenche, des bruits de pas, l'histoire d'un homme, d'une femme. Le remarquable travail sonore de Xavier Jolly nous promène d'une pièce à l'autre Chaque scène dure entre 2 et 3 minutes. Côté musique Arno vient faire chalouper la ville ,les anglais the Jim Jones Revue +heartbeeps assaillent la scène en vrai mode rock'n roll C'est aussi la troisième édition des Inouïes, journées d'expression sonore, les reprises à 8 voix de Stand by me par Paco Volume. Entre les spectacles le collectif Yes Igor et ses exercices de play-back déjantent joyeusement .et les trois équipes du Glob théâtre investissent les quais de la ville avec leurs micro-climats. Nov Art C'et jusqu'au 21 novembre, les tapas au bar du TNBA sont excellents et le vin argentin aussi ...

Nov Art à Bordeaux jusqu'au 21 novembre

Programme sur le site de la ville de Bordeaux

www.bordeaux.fr

"Esse que quelqu'un sait où on peut baiser ce soir? j'ai répondu au bois sera présenté" au Théâtre de Genevilliers les 3 et 4 décembre

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