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Billet de blog 17 juillet 2011

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Olafur Eliasson, votre expérience spectrale de l'été

Your rainbow panorama, le titre de la nouvelle œuvre d’Olafur Eliasson marque d’entrée du sceau Duchamps la tâche du spectateur : le regardeur fait l’œuvre. C’est à travers votre arc-en-ciel, forcément différent de celui de votre voisin, que vous allez pouvoir réexaminer votre vision de la ville, en l’occurrence celle d’Aarhus, la seconde du Danemark.

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Your rainbow panorama, le titre de la nouvelle œuvre d’Olafur Eliasson marque d’entrée du sceau Duchamps la tâche du spectateur : le regardeur fait l’œuvre. C’est à travers votre arc-en-ciel, forcément différent de celui de votre voisin, que vous allez pouvoir réexaminer votre vision de la ville, en l’occurrence celle d’Aarhus, la seconde du Danemark.

On le sait maintenant depuis son soleil monumental à la Tate Modern de Londres et ses cascades sur l’East River à New York, quitte à vous donner une œuvre à faire vous même, Olafur Eliasson préfère vous en mettre plein la vue. Mais attention, réduire ce Rainbow panorama à sa première approche spectaculaire serait une erreur de taille. Car si l’architecte performer Olafur Eliasson montre encore une fois quelques savoirs scientifiques, il est surtout un artiste visionnaire qui sait faire émerger les bonnes questions aux bons endroits.

Illustration 1

Le spectacle commence en extérieur dans la ville, parce qu’un arc en ciel de 52 mètres de diamètre posé à l’horizontal sur des piliers construits sur le toit du Musée d’art moderne, ça ne passe pas inaperçu. Les habitants d’Aarhus qui assistent à la construction depuis 2007 ont d’ailleurs adopté le cercle comme table d’orientation, si vous cherchez le port, c’est dans le jaune-vert, pour le centre, suivez le rouge. Suit la phase d’approche finale au neuvième étage du Musée où vous allez rejoindre les 150 personnes autorisées toutes les demi-heure à pénétrer dans l’arc en ciel. Il faut alors passer par un sas de quelques marches pour vivre l’expérience de l’intérieur et accepter les premières minutes une certaine désorientation due à un bug neuronal entre l’information transmise par votre nerf optique et l’analyse qu’en fait votre cerveau qui ne dispose visiblement que d’un logiciel entrée de gamme. La promenade commence et vous oblige à regarder la ville avec des yeux qui ne seraient qu’une version prototype de vos outils actuels. On sait que les animaux voient en noir et blanc, ici, Olafur Eliasson vous fait voir des couleurs qui n’existaient pas avant dans votre palette, des nuances subtiles que vous pouvez faire évoluer vous-même au grès de vos mouvements. Ne pouvant en l’occurrence ne parler qu’à la première personne du singulier, j’ai notamment découvert des nuances de gris qui donnaient au port d’Aarhus une inquiétante étrangeté avec un découpage très précis et une définition très pointue.

Illustration 2

Car derrière la beauté du geste et l’expérience physique, c’est bien à une lecture de la ville que vous convie Olafur Eliasson en vous obligeant à la concentration. C’est à partir de la somme de ces visions que l’ensemble du spectre se constitue. Mieux connaître les détails de votre propre système de vision pour pouvoir appréhender l’ensemble, mieux faire la part des aspérités de la ville et de ses harmonies, reconstituer le puzzle urbain dans votre imaginaire, Rainbow panorama est une œuvre de poète urbaniste.

Musée d’art moderne d’Aarhus

www.aros.dk

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h à 17h / nocturne le mercredi jusqu’à 22h

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