
En 2h30 et six scènes, les extraordinaires acteurs du groupe TG STAN , Franck Vercruyssen et Ruth Vega Fernandez nous entraînent avec eux sur la pente vertigineuse de 20 ans de vie conjugale.
Il s’appelle Johan professeur en psychologie, il a 42 ans, il aime sa femme, il dit même amusé « que leur bonheur est presque indécent ». Elle, Marainne, est avocate spécialisée en divorce, mais ne peut en placer une, il pavoise , sûr de lui , mains dans les poches. Elle, cheveux tirés en arrière, semble tendue, gênée par la bonhomie paternalisante de son mari, elle s’excuse poliment et sort derrière le rideau blanc, comme prise d' une irrésistible envie de pleurer. Marianne et Johann vivent dans un intérieur dominé par le blanc, l’ocre et bois, rien d’ostentatoire mais une élégance calculée. Ils s’habillent chics, les vêtements tombent parfaitement bien.Après quelques sandwichs–bières, seule entorse au bon goût, et les discussions qui font les joies de la vie à deux : un troisième enfant ou pas, les beaux-parents, les dîners avec les amis de toujours, l’utilité d’une vie sexuelle, bref la routine, catastrophe, Johann tombe amoureuse d’une jeunette de 23 ans. La queue-de-cheval toujours impeccable , Marianne accuse le coup, le divorce est annoncé.
Scènes de la vie conjugale est à origine un film réalisé par Ingmar Bergman. En exergue du film, Bergman note : « J’ai écrit Scènes de la vie conjugale en trois mois, tourné en quatre… Mais il m’a fallu une vie entière d’expérience. Je vous demande de bien vouloir y consacrer une soirée de votre vie ». L' adaptation de Franck Vercruyssen et Ruth Vega Fernandez est pleine d’humanité, plus crue et plus triviale que le film. Le spectacle est drôle et cruel tant il montre la banalité de l’affaire. Comment dire l’absence de désir mieux qu’en se grattant le ventre en se déshabillant, montrer son bas de contention et manger de vilains sandwichs au pâté ?.Quand le couple se déchire jusqu’à se rouer de coups, les acteurs nous montrent le simulacre en dessinant oeil au beurre noir et nez sanguinolent. Pas de tricherie, tout est faux, on est au théâtre et tout est vrai puisqu’on les voit faire. Parfois, ils oublient, leur texte, comme on perd ses mots dans la vie , ou le fil de sa pensée , ils s’arrêtent, le cherchent et reprennent. Quelques années plus tard Marianne se remarie, Johan vire sa jeunette , et c’est en devenant amants qu’ils prennent leur envol . Plus besoin de sauver la face, ils sont beaux ; détendus, amoureux, délivrés du contrat qui les avait unis. Du couple dépecé au scalpel, il ne restera que la substantifique moelle : l’amour ! Vive Le divorce pour tous !
Jusqu’au 22 février au Théâtre de la Bastille à Paris
Tél. : 01 43 57 42 14 www.theatre-bastille.com
Du 13 au 17 avril au Théâtre Garonne à Toulouse
www.theatregaronne.com/