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Billet de blog 27 juin 2011

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Shakespeare is dead get over it!

William est un alter-mondialiste convaincu mais travaillant pour Gap, il rencontre à l’occasion d’une rétrospective des films de Jean-Luc Godard , Anna, une actrice qui ne joue et ne lit que du Shakespeare.

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William est un alter-mondialiste convaincu mais travaillant pour Gap, il rencontre à l’occasion d’une rétrospective des films de Jean-Luc Godard , Anna, une actrice qui ne joue et ne lit que du Shakespeare. Il est de toutes les causes, écologiques, anticapitalistes… et vit avec son temps,alors qu’elle voue une passion obsessive à Shakespeare et au17ème siècle. Ils ne s’entendent passe disputent sur tout, leur rencontre même est sujet d’un malentendu : Est ce à la projection de « Deux ou trois choses que je sais d’elle » ou celle du Mépris ? Il a beau essayer de s’intéresser aux drames royaux, il s’endort immanquablement au bout d’une heure, elle ne peut résister à l’achat d’un t-shirt « to be or not to be » made in San-Salvadore au magasin de souvenirs du Globe Theatre à Strafford upon Avon. Une banale histoire d’amour impossible sur fond de société qui ne reconnaît comme valeur que l’argent. Une tragique histoire d’amour qui finira mal comme le dit la chanson.

Shakespeare is dead get over it est une démonstration sans faille de l’énergie déployée par les êtres humains pour passer à côté de l’essentiel et se concentrer sur les détails, des contradictions qui nous construisent autant qu’elles nous détruisent. Il sera question, de 5 août, de la mort d’un daim, de Marilyn de marchandisation, de tradition, d’économie, de la bible, du Capital et des œuvres de William Shakespeare, de désir, de la vie, de la mort ….

Admirateur de JLG, dont il ne cache pas les emprunts, Paul Prouveur, l’auteur, construit son texte comme un film du maître. Un ensemble de fragments qui trouvent leur cohérence au montage, une sorte d’enquête policière qui trouve sa résolution par la juxtaposition des données et non pas par la chronologie du récit. Et le collectif Ildi /Eldi ( Sophie Cattani, François Sabourin et Antoine Oppenheim) s’empare de la chose avec jubilation. Leur manifeste « un espace de recherche et de création né d’un groupe d’amis qui désire faire du théâtre avec humour, simplicité, plaisir des mots et toujours en complicité avec le public » est appliqué à la lettre et avec brio. On a le sentiment qu’ils construisent au fur et à mesure la logique du récit et elle du plateau . La scène ressemble à un open-space avec cloisons amovibles. On passe d’un remake hilarant du « Mépris », un clin d’œil à une scène de « Deux ou trois choses que je sais d’elle » à une chambre d’hôpital, d’un repas houleux autour de barquettes de frites, à la visite du Globe Theatre, les acteurs se glissent dans les personnages, jouent à jouer en permanence si bien que Les frontières entre fiction et réalité, sont perpétuellement brouillés. L’une des actrices , glissera même un petit « chut » complice en direction d’enfants qu’elle semble avoir emmené avec elle faute d’alternative de garde. La partition sonore ( Benjamin Furbacco) fait d’extraits de paroles de Jean-Luc Godard, de musique des films précités , avec fausse s et vraies voix off, fait parfaitement écho à la scène.

Shakespeare is dead get over it est un spectacle dont l' humour percutant ne rate jamais sa cible, Une rencontre parfaite entre un auteur et des acteurs.

En fond de scène un panneau lumineux affiche « vivez proprement pensez au suivant» . To be or not to be ?

Jusqu’au 2 juillet au Théâtre du Rond-Point à Paris

Tél :O1 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr

photo Giovanni Cittadini Cesi


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