Billet de blog 6 août 2012

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La compagnie pétrolière Shell à nouveau impliquée dans une pollution dans le delta du Niger !

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C'est une info Amnesty International !

"Nigéria : l'enquête sur le déversement d'hydrocarbures dans le delta du Niger est "un fiasco""

Fuite du pipeline de Shell à Bodo, juillet 2012. © CEHRD

[06/08/2012]

La procédure d’enquête sur le déversement d’hydrocarbures dans le delta du Niger a été contestée aujourd’hui par Amnesty International et par le Centre pour l’environnement, les droits humains et le développement (CEHRD), à cause d'incohérences dans les allégations de Shell concernant un sabotage.

Des experts ont examiné des éléments de preuve portant sur la dernière fuite en date d’hydrocarbures déversés par des oléoducs de Shell mal entretenus dans le secteur de Bodo, et confirmé que ces éléments indiquaient fortement que la fuite était due à la corrosion de l’oléoduc. La fuite a été découverte le 21 juin 2012 ou autour de cette date dans le secteur de Bodo, dans le delta du Niger. Elle a été colmatée le 30 juin. Cependant, Shell semble ne tenir aucun compte des preuves de corrosion.

Le processus d’enquête sur les déversements d’hydrocarbures dans le delta du Niger est un fiasco. Les moyens déployés pour le travail de relations publiques sont plus importants que ceux utilisés pour faire face au fait qu’une grande partie des infrastructures pétrolières sont vieilles, mal entretenues et présentent des risques de fuites, qui ont parfois des conséquences dévastatrices en termes de droits humains,
Audrey Gaughran, directrice des questions internationales à Amnesty International.« Quelles que soient les preuves présentées à Shell concernant les fuites d’hydrocarbures, la compagnie se réfugie systématiquement derrière des allégations de "sabotage" et cherche à échapper à ses responsabilités quant à l’énorme pollution due à son incapacité d’entretenir correctement ses infrastructures, de les rendre sûres et de nettoyer correctement les sites en cas de déversement d’hydrocarbures. »

Amnesty International et le CEHRD ont demandé à la société américaine Accufacts, qui a une longue expérience en matière d’examen des infrastructures pétrolières, d’étudier des photographies de l’oléoduc prises au niveau de la fuite. Voici son avis : « C’est apparemment dû à une corrosion externe. Notez l'effritement stratifié du métal à l'extérieur du conduit autour des résidus laissés dans la zone où le conduit s'est aminci par corrosion externe. C’est un phénomène très fréquent que nous avons observé de nombreuses fois sur d’autres oléoducs. »

« Shell a déclaré sur place que la fuite semblait due à un sabotage, et la compagnie ne tient aucun compte des preuves de corrosion. Cela a généré beaucoup d’incompréhension et aussi de la colère au sein de la communauté, a déclaré Stevyn Obodoekwe, directeur de programmes au CEHRD.  Nous avons vu le conduit et amené un expert pour qu’il l’examine, et il semble très clair qu’il est corrodé. »

Quand Amnesty International a contacté le siège de Shell pour demander les preuves sur lesquelles se fondent les allégations de sabotage à Bodo, la compagnie a répondu qu’elle n’avait pas affirmé que la fuite était due à un sabotage et que l’enquête conjointe n’était pas terminée. Shell n’a cependant pas pu expliquer les déclarations faites sur place à la population locale.

Elle a affirmé que l’équipe chargée de l’enquête conjointe, composée de membres de la population locale, des autorités de contrôle, de membres du personnel de Shell et de représentants de la police et de la Force d’intervention conjointe, n’a pas pu achever son enquête sur la fuite de pétrole parce que des jeunes de la région ont lancé des pierres sur eux. Des témoins présents sur les lieux ont dit qu’il ne s’était rien produit de tel et que les services de sécurité étaient présents pendant l’enquête.

Shell va maintenant amener la portion de conduit endommagée dans un de ses centres où, selon elle, il sera soumis à des tests.  La population locale et des militants de défense de l’environnement et des droits humains craignent que cette procédure – totalement sous le contrôle de Shell – ne manque de transparence et que ses résultats ne soient pas crédibles.

Les oléoducs de Shell sont vétustes et beaucoup n’ont pas été dûment entretenus ou remplacés ; des habitants et des ONG de la région ont indiqué que les conduits dans le secteur de Bodo n’ont pas été remplacés depuis 1958. Quand Amnesty International a demandé à Shell de confirmer l’âge et l’état des conduits, la compagnie n’a pas répondu.

Source : Amnesty International France

A suivre.....

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